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Quelques épisodes du premier bouquin

Voir la rubrique "Prévious Posts" pour choisir vos textes !

Thursday, September 21, 2006

Le Regard Innocent

Ce texte est dédié à ma petite dernière, et en général aux parents qui, comme moi, on eu le bonheur d'avoir un bébé qu'ils n'attendaient plus...

Le Regard Innocent

D’où viens-tu petite fille
Au regard si merveilleux,
Que viens-tu faire ici,
Avec tes grands yeux bleus ?

Qui t’a projetée dans la vie,
Toi qui viens de nulle part,
L’enfant inattendu,
Le fruit de nos hasards,
Qui pourtant nous sourit ?

Tu n’étais plus programmée,
Dans nos vies occupées,
Même si on t’a rêvé,
Tu en étais restée,
Au projet oublié,
D’un troisième bébé.

Maintenant tu es là,
Avec ton regard lumineux,
Ton visage radieux,
Cette puérile beauté,
Fait l’unanimité
Et sûrement des envieux.

Comment ne pas craquer,
Devant ton doux regard,
Et tes grandes boucles blondes,
Qui tombent sur tes joues rondes,
Objet de nos égards,
Tu nous fais succomber.

Je me demande aujourd’hui,
Ce qu’auraient été nos vies,
Si tu n’étais pas venue,
Si l’on ne t’avait pas conçue,
Je n’imagine pas, comment nous aurions pu,
Continuer à vivre sans toi…

Le regard innocent d’un enfant,
Est plus beau que tout,
Plus précieux que n’importe quel bijou,
C’est une douce force, une chose précieuse et rare,Et pourtant si souvent, c’est le fruit du hasard…

Wednesday, September 13, 2006

Vincent et Marc

Vincent et Marc


Vincent et Marc travaillent ensemble dans le même bureau depuis un peu plus d'un an. Ils passent huit heures par jour ensemble mais n'ont guère le temps de se parler, mis à part pendant la pause café pendant laquelle ils échangent quelques banalités, mais ne se sont jamais vraiment intéressés l'un à l'autre. Marc a trente ans, il est marié depuis dix ans avec une jolie femme blonde qui travaille dans le service commercial d'une grande entreprise. Ils n'ont pas d'enfants pour l'instant parce que les circonstances ne sont pas favorables pour le moment. La femme de Marc est en passe de devenir chef de service, elle suit des cours et la venue d'un enfant pourrait nuire à sa promotion. Pour l'instant, ils préfèrent attendre. Vincent, lui, est divorcé et il dit ne pas vivre trop mal cette situation, prétextant les nombreux avantages du célibat, mais sans jamais l'admettre, il envie son collègue et broie souvent du noir lorsqu'il se retrouve seul dans son deux pièces en banlieue.

Les rapports qu'entretiennent les deux hommes s'arrêtent net dès que ceux-ci franchissent la porte de l'usine. Marc préfère que ça soit comme ça.

Un après-midi, Vincent est arrivé au bureau, avec un bon quart d'heure de retard, avec l’œil pétillant, il avait l'air heureux, et plein d'entrain. Marc s'en étonna mais ne dit rien. Après tout, la vie privée de Vincent ne le regardait pas. C'est Vincent qui s'exprima le premier, il avait tellement envie de communiquer sa joie qu'il se mit tout naturellement à avouer à son ami la cause de sa gaieté :
Il avait décidé d'aller déjeuner dans un petit restaurant et avait remarqué immédiatement la présence d'une femme superbe et seule. Pendant le repas, leurs regards se sont croisés sans que ceux-ci ne le veuillent vraiment. Vincent avait pris son courage à deux mains et se disant qu'il n'avait rien à perdre, il l'avait invitée à prendre le café à sa table. Elle accepta de suite son invitation, en lui offrant en prime un superbe sourire. Ils avaient longuement discuté de tout et de rien, s'étaient séduits dès les premières paroles...
Les jours qui suivirent virent naître une idylle entre ces deux êtres, et Marc semblait heureux de voir Vincent si gai, si agréable, si enjoué, si amoureux. Vincent avait aiguisé la curiosité de Marc et celui-ci éprouva bientôt l'envie de voir quelle tête pouvait avoir la femme qui rendait son ami si heureux. Marc lui proposa de les inviter tous les deux au restaurant un soir, mais Vincent déclina immédiatement cette invitation : c'était impossible, il ne voyait jamais son amie le soir, tout du moins pour le moment, parce qu'elle n'était pas prête, pas encore... C'est finalement Vincent qui invita Marc à le rejoindre au restaurant où il avait pris l'habitude de déjeuner avec elle. Il accepta finalement et suivit son collègue dès le lendemain jusqu'au point de rencontre habituel. Ils attendirent de longues minutes, guettant tous les deux la porte d'entrée. Une superbe créature fit son apparition, suscitant l'admiration de Marc qui s'écria : « C'est elle ? » Vincent lui répondit : « Non, mon amie est encore plus belle ! » Il joignit le geste à la parole et sortit une photo coupée en deux sur laquelle Marc reconnut au premier regard sa femme. Le morceau de photo déchiré, c'était lui, juste à côté.

Réflexions et petites phrases...

Voici quelques réflexions qui ont fusé dans mon esprit jadis fécond et que je me suis empressé de retranscrire sur le noble support qu'est la feuille blanche d'un cahier. Ces réflexions ne s'adressent à personne en particulier, elles sont diverses et variées car l'esprit sait avoir beaucoup d'imagination lorsqu'il n'a rien d'autre à faire qu'à penser à des choses immatérielles et abstraites.

- Le génie n’est rien entre les mains des fainéants.

- J’adore travailler dans l’ombre car j’ai horreur des coups de soleil.

- Les grandes histoires commencent souvent par des petites phrases.

- Les femmes sont tellement douées pour mentir qu’elles arrivent à se persuader elles mêmes de certaines choses.

- Les jeunes sont des vieux en devenir qui ne sont pas conscients de la vitesse avec laquelle ils vont tomber en décrépitude.

- Les critiques n’ont de valeur que si l’on est disposé à les écouter.

- Mieux vaut être un connard et en être conscient que de se croire intelligent et de paraître encore plus con.


- D’aucuns diront qu’il faut sortir couvert pour éviter les ennuis. Moi je dis qu’il vaut mieux, carrément éviter de sortir.

- Une tarte charentaise, c’est un chausson ? Une tarte basquaise, c’est une tarte qu’on envoie contre un mur ? Mais une tarte aux mûres c’est sûrement un dessert qui ne casse pas des briques.

- Les promesses, je n’en fais pas, comme ça je suis quitte d’avoir à les tenir…

- Il est nettement moins grave de ne pas dire ce qu’on pense, plutôt que de dire ce que l’on ne pense pas.


- On m’a souvent dit que je raisonnais comme un homme, mais c’est quand même mieux que de résonner comme une cloche.

- Mon papa m’a toujours dit de me méfier des femmes intelligentes. Heureusement, je n’en ai rencontré que très rarement…

- Parfois pour avancer, il faut savoir rester à sa place (proverbe de fonctionnaires ?)

- J’ai définitivement abandonné mes études de psychopathe et suis devenu fonctionnaire à la place (horaires moins contraignants.)

- Faut de tout pour défaire un monde.

- Passer son temps à raconter sa vie, c’est passer à côté de beaucoup de choses qu’on aurait pu raconter plus tard.

- De l'expérience après un certain délai, ce n'est plus de l'expérience, c'est de l'ancienneté.

- La vie est un don qui vient de nos parents. La vie pour un homme commence dans le ventre de la mère et finit dans celui de la terre. Nous sommes peu de choses en fait !

- La haine est un sentiment qui s'empare des êtres lorsque ceux-ci se sont fait avoir par un autre être. On dit souvent à tort que la haine fait son apparition dans un couple quand l'amour a disparu. Ca n'a rien à voir avec la haine. Ou alors ça dépend des cas... Et puis ne me demandez pas de vous dire ce qu'est la haine, je n'ai jamais haï personne. Si, en fin de compte, il y a bien quelque chose que je hais par-dessus tout : ce sont les rognons de bœuf...

- Le fait d'adhérer à un parti politique, c'est la preuve manifeste d'un cloisonnement de l'esprit qui se limite à l'adhésion systématique de toutes les idées de son clan et qui refuse catégoriquement toutes celles qui viennent de l'extérieur... Il n'y a pas d'esprit plus étroit que celui d'un politicien.

- Quelle différence y a-t-il entre un pigeon ?

- La meilleure façon de se faire entendre, c'est de parler plus fort que les autres.

- C'est quand on colle une fille en décolleté de trop près qu'elle trouve qu'on va trop loin. Et c’est là qu’elle nous en colle une.

- On n'est jamais mieux servi que par un serveur.

- A l’époque où j’avais le choix entre devenir vétérinaire et apprendre l’allemand, j’ai voulu étudier deux ans outre-Rhin pour revenir avec un DEUG allemand… c’est gentil comme chien.

- Le maquillage, c'est la chirurgie esthétique des pauvres.

- Une femme sans seins, c’est pas une femme, c’est un copain.

- Le café c’est une boisson qui fait dormir quand on n'en a pas bu de la journée.


- Il y a certains jours où l'on se sent seul, loin de tout et de tout le monde. Alors on ne peut s'empêcher de penser, et c'est à partir de ce moment là qu'on commence à s'enfoncer irréversiblement dans la tristesse.

- Penser de trop, ça n'a jamais été vraiment bénéfique. Il suffit de regarder tous les savants pour s'apercevoir que de penser trop souvent et trop intensément ça fait perdre les cheveux. Parole de chauve.

- Je me suis aperçu, il y a peu de temps que j'étais nettement moins dépensier quand je n'avais pas d'argent.

- Je suis très sérieux quand il s’agit de déconner.

- J'ai toujours été fasciné par l'interprétation des rêves que font certaines illustres personnalités, cela me passionne d'autant plus que je ne me rappelle jamais des miens. Qu'est ce que je dois rater !

- Suivant mon humeur, je puise dans la solitude soit mon inspiration, soit une tristesse vicieuse et incontrôlable qui m'étrangle imperceptiblement jusqu'à ce que mon esprit prenne enfin le dessus en se tournant vers une matière régénératrice qui pourtant se trouvait à proximité, mais dont j'avais omis l'existence et l'importance par négligence. Cette matière si précieuse revêt l'aspect de la fille que j'ai dans le cœur, elle dégage les obstacles d'un souffle chaud d'amour et fait fondre les pensées et les sentiments les plus froids. Elle sait s'amuser à apparaître sans prévenir pour me surprendre ou pour m'angoisser au moment où je m'y attends le moins, pour me rappeler son absence physique que je m'efforce pourtant de minimiser du mieux que je peux...

- L'homme ne vit bien que quand il sait pour quoi il vit.

- Les réserves sont comme les barrières, elles sont faites pour être levées. Et quand les réserves sont entourées de barrières, il faut éviter d’y pénétrer sous peine de se faire dévorer.

- Vouloir empêcher les personnes dites « intolérantes » de s’exprimer, c’est aussi une façon de se montrer intolérant. Non ?

- Il faut être marié pour comprendre pourquoi certains hommes battent leur femme.

- Il faut avoir vécu seul pour comprendre pourquoi certains se marient.

- La plus grande richesse se trouve dans l'âme de chacun d'entre nous, mais on n'a jamais rien pu acheter avec.

- Passer son permis, c'est la meilleure façon de s'acheter une conduite.

- Le degré lié à la sensation de richesse dépend de la façon de dépenser son argent.

- Il est plus facile de faire semblant de ne pas savoir quelque chose qu'on sait plutôt que de faire semblant de savoir quelque chose qu'on ne sait pas.

- Le mensonge est le meilleur allié du mari qui trompe sa femme.

- L'homme parfait, ce serait un homme beau, musclé, intelligent, courageux, honnête, sobre, intègre, travailleur, désintéressé, généreux, poli, propre, gentil, attentionné, débrouillard, bricoleur, intellectuel, cultivé, civilisé, sociable, non-fumeur, quelqu'un qui ne boit pas trop, qui ne se drogue pas, quelqu'un qui ne jette pas ses papiers par terre, quelqu'un de patient, de calme, quelqu'un qui ne s'énerve jamais, même en voiture, quelqu'un qui ouvre la porte aux dames, quelqu'un qui aime rendre service, quelqu'un qui aide les vieilles dames à traverser les passages piétons, quelqu'un qui réfléchit avant d'agir, quelqu'un qui aide les autres, quelqu'un qui ne passe pas des heures devant sa télévision, quelqu'un qui ne serait jamais en retard, quelqu'un qui serait riche mais qui donnerait aux pauvres, quelqu'un qui ne tricherait jamais, quelqu'un de sportif, quelqu'un d'élégant, quelqu'un qui aimerait sa femme toute sa vie, qui lui resterait fidèle jusqu'à la mort, quelqu'un qui n'oublierait jamais la date d'anniversaire de mariage, quelqu'un qui aimerait les enfants, quelqu'un de tolérant, quelqu'un qui serait grand et rassurant, quelqu'un qui n'aurait jamais peur, quelqu'un de diplomate, quelqu'un qui ne rote ni ne pète jamais à table, quelqu'un qui se lave les dents trois fois par jour, quelqu'un qui ferme sa bouche quand il mâche du chewing-gum, quelqu'un qui aime les animaux et qui ne leur fait jamais de mal, quelqu'un de respectueux qui aurait le sens des valeurs, quelqu'un d'obéissant, quelqu'un qui ne serait jamais fatigué, quelqu'un qui sache bien faire l'amour, quelqu'un d'optimiste mais réaliste, quelqu'un d'ambitieux, quelqu'un qui ne ronfle pas, quelqu'un qui ne crache pas, quelqu'un qui ne colle jamais ses crottes de nez sur la tapisserie ou en dessous des sièges, quelqu'un qui aiderait sa femme à la maison, quelqu'un de volontaire, quelqu'un de sûr de lui, quelqu'un qui saurait bien parler, quelqu'un qui saurait tout faire vite et bien... Malheureusement, il faut se rendre à l'évidence que l'homme idéal, tel que l'imaginent les femmes, et bien cet homme idéal n'existe pas.

- La femme idéale telle que l'imaginent les hommes, ce serait une femme à la fois belle et intelligente et gentille. Il faut malheureusement être réaliste, la femme idéale n'existe pas non plus.

- Un jour j’ai réussi à faire aboyer une vache. Je suis rentré chez moi bourré à 4 heures du matin…

- Une déclaration d'amour, c'est un bon de commande pour un produit qui bien souvent est en rupture de stock.

- Les histoires d'amour les plus compliquées sont aussi les plus passionnées.

- Si tous les gens qui disent du mal de moi savaient ce que raconte sur eux, je crois qu’ils en diraient encore plus.

- Souvent femme varie, mais rarement femme ravie…

- C'est dans les vieux pots qu'on fait la meilleure soupe, mais avec des légumes frais.

- La promesse a cette puissance qui permet de faire naître dans l'esprit de celui qui la reçoit la quasi-certitude qu'elle sera honorée, et surtout la possibilité pour celui qui la fait de ne jamais la tenir.

- Le paradis est un endroit où les gens se plaisent tellement qu'ils n'en reviennent jamais.

- D'ailleurs à ce propos, quand j'étais tout jeune et que quelqu'un mourrait dans le village je ne comprenais pas. Je demandais à ma mère : « Maman il est où le monsieur qui est mort maintenant ? » Elle me répondait : « Au paradis, avec tous les autres messieurs qui sont morts. » C'est pour ça que j'ai cru longtemps que le cimetière, près de l'école, c'était ça le paradis.

- La mort est un paradis pour tous ceux qui ont passé leur vie à souffrir.

- J'aime mieux faire beaucoup de choses différentes avec la même femme que faire toujours la même chose avec des femmes différentes.

- Ne cherchez pas de raisons à vos insomnies, ça risquerait de vous empêcher de dormir.

- Un conseil : méfiez-vous des conseils.

- Pour se passer le temps, et quand il n'y a pas de train à regarder passer, les vaches se racontent des histoires à dormir debout.

- Corriger ses erreurs, c'est admettre qu'on n'est pas infaillible.

- Se dire infaillible, c'est commettre une erreur.

- C'est quand on me dit que Dieu a créé l'homme à son image que je commence à avoir de sérieux doutes quant à son existence.

- C'est quand on se croit à l'abri que l'on devient vulnérable.

- Se remettre en question est une façon de progresser. Etre trop sûr de soi devient dangereux car on perçoit une fausse image de la réalité. Se surestimer c'est sous-estimer les autres.

- Un sourire sincère et spontané, c'est un peu de tendresse et du respect, un sourire forcé, c'est une grimace.

- Mon seul point commun avec le grand Albert Einstein, c'est que moi non plus je n'arrive jamais à me coiffer correctement le matin. Mais rassurez-vous, la ressemblance s'arrête là.

- Je préfère être fidèle à plusieurs femmes qu'infidèle à une seule.

- La solitude pour moi peut parfois être synonyme de liberté car si l'on sait que la liberté de l'un s'arrête où commence celle de l'autre, le simple fait d'être seul repousse cette limite imaginaire et augmente la sensation de liberté. C'est pour cela que paradoxalement on peut être prisonnier d'une île déserte tout en étant libre à l'extrême puisque dépourvu de toute contrainte et obligation. Mais la liberté est un sentiment avant d'être un état de chose.

- Mieux vaut un « tu l'as » que deux « tu l'auras pas ! »


- Un optimisme exagéré, c'est une forme dangereuse d'inconscience.

- La conscience est le garde fou de l'homme.

- On peut toujours tout prévoir. Sauf l'imprévisible.

- La beauté de la femme n'a d'égal que mon intelligence donc, plus elles me flatteront, plus elles seront belles.

- J'apprécie les femmes qui savent mettre la main à la bourse. A leur bourse.

- Une maison n'est un abri que quand elle est payée.

- C'est quand on est trop connu qu'on attrape la grosse tête. On change d'attitude, de comportement et on devient méconnaissable.

- L'homme est plus vulnérable lorsqu'il se croit invincible.

- On regrette souvent plus les choses qu'on n'a pas faites que celles qu'on a pu faire.

- Le genre de phrase que ma femme n’aime pas que je dise : « Pour les vacances, tu préfères les Antilles ou les méchants ? »

- L'espoir n'a de valeur que quand on met les chances de réussir de son côté.

- Une femme qui ne donnerait pas son avis sur un sujet qu’elle ne maîtrise pas forcément ne serait pas une vraie femme.

- Il est difficile pour les hommes de savoir ce que c’est d’avoir ses menstrues. On n’en perçoit que des effets négatifs. Pour nous c’est juste synonyme d’une irritabilité, voire d’une agressivité inattendue mais aussi et surtout, ce qui est bien plus douloureux, c’est que c’est synonyme d’abstinence.

- La vie est une science dont on tire des enseignements tous les jours.

- Dans un couple, celui qui commande, c'est à coup sûr celui qui prend le plus de place dans le lit.

- Un homme méchant est moins dangereux qu'un homme gentil qu'on aurait énervé.

- L'injustice est d'autant plus insupportable quand celui qui vous accuse est persuadé d'avoir raison.

- Mieux vaut être seul qu'en mauvaise compagnie.

- Le bonheur n'est pas continu, il s'arrête parfois brusquement. Quand il est là, il faut en profiter pleinement.

- Propos d'un cul-de-jatte : « Depuis que ma femme ne veut plus me donner la main, je ne sais plus sur quel pied danser ! »

- Un diplôme n'a de valeur que quand la majorité des candidats échouent.

- Eric en avait tellement assez de se faire cambrioler sa maison qu'il avait décidé d'adopter deux gros chiens de garde. Maintenant, plus personne ne peut rentrer chez lui. D’ailleurs lui non plus.

- Pendant qu'on pense à ce que l'on doit faire, on ne fait rien.

- La solitude n'existe que pour ceux qui ne l'ont pas choisie.

- Il y a parfois des écrits qui s'envolent et des paroles qui restent. Les écrits, pour les faire disparaître, il suffit de les brûler, les paroles sont indélébiles tant qu'elles subsistent dans la mémoire des gens.

- On peut très bien se foutre de l'avis des autres à partir du moment où cet avis ne nous porte pas préjudice.

- Le fait de contrôler quelque chose ne peut être qu'une impression, car dans la vie on ne contrôle jamais rien parfaitement.

- Avec des si on met Paris en bouteille, avec des scies on rase une forêt.

- Ma plus grosse crainte c’est d’être un con et de ne pas m’en rendre compte.

- Décevoir une personne qu'on cherche à séduire, c'est déjà la perdre à moitié.

- Je pars toujours du principe que je n’ai aucune chance, comme ça le peu que je reçois, c’est toujours du bonheur.

- On peut séduire sans dire mot, sans même s’en apercevoir, ce qui est d’ailleurs souvent le cas. Il suffit qu’un regard se pose sur nous. Le charme est une arme qui permet même aux plus crétins de séduire sans avoir à faire preuve d’intelligence.

- Il faut savoir reconnaître ses torts quand on veut persuader les autres qu’on a raison.

- J’ai toujours eu l’impression que les femmes maîtrisaient plus facilement les choses futiles que les choses utiles.

- Aimer, c'est donner sans calculer.

- On dit qu'il faut être pris pour apprendre, mais à quoi bon apprendre quand on ne peut pas revenir sur les erreurs du passé ?

- Les enfants, ça abîme le corps des femmes et les nerfs des hommes.

- Le pardon encourage les fautifs à recommencer leurs erreurs.

- Je préfère mourir jeune en ayant connu le bonheur que mourir vieux en l'ayant seulement effleuré.

- C'est quand on est dans la merde qu'on voit ses vrais ennemis.

- Je n'aime pas voir les gens heureux quand moi je n'y suis pas.

- Pas de nouvelles, bonne nouvelle. Plus de nouvelles, mauvaise nouvelle...

- On peut cracher dans la soupe une fois qu'on a vidé l'assiette.

- Bien souvent on s'aperçoit que l'on est bien avec quelqu'un quand on n'est plus avec.

- Les choses ne sont vraiment belles que quand il y a quelqu'un pour venir les admirer.

- Je suis un matérialiste et c'est vrai que j'attache beaucoup d'importance aux objets qui, même s'ils sont muets, sont des témoins palpables et impérissables d'un épisode de notre vie.

- Généralement lorsque les apparences sont trompeuses on ne tarde pas à s'en rendre compte rapidement.

- Nathalie a un strabisme, mais c’est pas grave, du moment qu’elle ne louche pas.

- Je connais mes limites, elles sont illimitées, et inimitées d’ailleurs.

- Le dire c’est bien, mais le faire, c’est bien mieux. Y penser, ce n’est qu’un début.

- Plus les gens parlent fort, et moins on a envie de les écouter.

- C'est quand on commence à douter de l'amour de quelqu'un qu'on se met à l'aimer plus fort parce-que le doute accapare et qu'un esprit accaparé est un esprit vulnérable, fragile et perméable.

- Pour arriver à vos fins avec l’être que vous convoitez, ne précipitez pas les choses, contentez-vous de les accélérer.

- Trahir la confiance de quelqu'un, c'est la perdre.

- On n'est adulte que quand on assume personnellement l'intégralité de ses responsabilités.

- L'amour crée bien des désordres dans la vie, mais qu'est-ce que la vie est palpitante lorsqu'elle est désordonnée !

- On a souvent l'âge que les autres nous donnent.

- Mieux vaut être petit et s'entendre dire que l'on peut grandir plutôt que d'être grand et d'entendre dire que l'on ne mérite pas cette place.

- La vieillesse est une forme d'agonie.

- Si les pensées n'étaient plus secrètes, elles trahiraient bien des secrets.

- La pensée est un jardin secret dans lequel on peut se réfugier. La dévoiler, c'est ouvrir ce jardin aux autres avec tous les risques et toutes les conséquences que cela représente.

- Mes compétences s'arrêtent où commencent celles des autres...

- Les blessures deviennent souvent une fierté lorsqu’elles ont cicatrisé.

- Ne dites jamais à une femme : « J'ai envie de te tirer sur la couette. » Elle pourrait mal interpréter vos propos !

- S'il n'y avait que les belles femmes qui avaient le droit de se mettre en mini-jupe, il ne s'en vendrait pas beaucoup.

- Il y a des bêtises de jeunesse qui, si elles sont faites dix ans après, deviennent de véritables tragédies.

- Fred efface tous les messages qu’il reçoit au « furet » à mesure, car il a peur que l’on « fouine » dans sa messagerie...

- Moi, le froid ça ne me dérange pas, à partir du moment où j'ai chaud.

- Les enfants se mettent souvent devant la télé parce que s'ils se mettaient derrière, ils ne verraient pas grand chose.

- Moi, quand je serai mort, je ne me ferai pas incinérer parce que j'ai promis que je ne fumerai plus.

- Les lesbiennes ne passent pas tout leur temps à lécher… les vitrines.

-Le matin au petit déjeuner :

-« Chéri, tu veux pas me faire un petit noir ? »
-« Mais tu sais bien que c’est impossible mon amour, on est blanc tous les deux !! Nan mais quand même je ris car si tu m’avais demandé un petit jaune à cette heure ci, j’aurais été vert et le thé vert c’est plutôt pour cet hiver ! »
- (Elle vire au rouge) : « Bon, alors s’il te plaît chéri, passe-moi voir le beurre et arrête.»
-« Attends, le beur il est pas ici, il est dans la cité.»

Je m’aperçois bien vite que ma femme a horreur des jeux de mots pourris surtout le matin, alors, j’arrête mes conneries avant que nos relations ne tombent en déconfiture…

- Je veux bien craquer pour une fille, mais pas me briser.

- C’est vrai que j’ai du mal à me mettre dans la peau d’une femme, c’est trop étroit en haut et trop large en bas.

- Les voyages forment la jeunesse et déforment les valises.

- Je suis très romantique, mais il faut gratter une énorme couche de conneries pour s’en apercevoir.

- Minerve c’est une faux jetonne car c’est la déesse des coups tordus.

- Réfléchir c’est bon pour les miroirs.

- J’ai toujours été précoce lorsqu’il s’agissait d’être en retard sur les autres.

- Pourquoi est-ce que quand mon jeune chien fait pipi dans le jardin on lui dit : « C’est bien ! » Et pourquoi quand c’est moi, ma femme m’engueule ?

- On n’est pas le meilleur quand on le croit. Mais on peut le devenir quand on le sait.

- Ces paroles sont tellement fluides qu’elles amènent de l’eau à mon moulin.

- Si l’on pouvait lire dans les pensées, on regretterait bien vite d’avoir cette faculté.

- Les idées sont faites pour avancer, elle ne sont pas faites pour être arrêtées.



- La superposition est l’étape qui vient immédiatement après une super proposition

- Avis éclairé d’une tête d’ampoule aux idées lumineuses (en parlant de moi) : « Cet écrivain n’est pas une lumière.

Tuesday, September 12, 2006

Alzeimort

Alzeimort




Papa est mort



Le dernier jour, c’est à dire, le 4 janvier 2002, l’après-midi, je m’étais rendu à ton chevet, seul, pour une fois, mais bientôt rejoint par ton fils aîné Jean-Marc.

Comme les trois jours précédents, je te caressais doucement la main et je te regardais intensément en me retenant de pleurer. Mes mains avaient envie de toucher ton corps. Tu sentais bon et ta peau était aussi douce qu’elle l’avait toujours été… «Je t’aime papa, je t’aime.» Ce sont les derniers mots que j’ai eus pour toi ce jour là. Mais cette fois-ci, tu étais à moitié inconscient, plongé dans un « coma léger » comme l’avait qualifié le médecin des soins palliatifs, des soins trop tardivement prodigués. Un coma dont tu ne sortirais plus jamais. Quelques heures plus tard le téléphone sonnait, chez moi, pour m’annoncer ce que je redoutais depuis de nombreuses années, l’aboutissement tragique de ta maladie, ta mort…

Je me souviendrai toute ma vie, comme maman et chacun de tes enfants, de ces quatre derniers jours pendant lesquels nous nous sommes succédés à tes côtés pour t’accompagner, pour te témoigner notre affection, notre attachement, notre reconnaissance d’avoir été pour nous ce père exemplaire, ce mari si doux, cet être humain si exceptionnel. Ils t’avaient lié les poignets pour ne pas que tu t’arraches les perfusions qui devaient te faire atrocement souffrir et je revois tes petits poignets meurtris que ma douce femme t’a massé avec un peu de pommade, comme toi tu savais si bien le faire lorsque c’était toi qui tenais le rôle de guérisseur.

Nous avions le droit de te « détacher » pendant notre présence, que tu ressentais. Tu trouvais, au milieu de cette douleur intense, le temps d’esquisser un sourire pour nous témoigner ta reconnaissance d’être venus te voir ou tout simplement pour nous rassurer, comme si tout allait s’arranger, subitement. Tu nous serrais les mains, comme pour prouver que tu étais fort, et tu essayais, malgré tout, de répondre à nos questions, même si je ne comprenais que ta douleur… Ma main effleurait ton visage, puis venait se poser contre pour ressentir ta chaleur et te transmettre tout l’amour je j’ai en moi, l’amour que tu m’as transmis et que je garderai à tout jamais. Je me trouvais face à une cruelle sensation d’impuissance, la constatation bouleversante que je ne pouvais rien faire pour te soulager, alors que moi, ton fils, me trouvait là, tout près de toi, plein de vie à te regarder lentement mourir sans le savoir et à m’entêter à croire qu’il était toutefois possible d’éviter cette issue.

Tes fils et tes filles, accompagnant maman, se croisaient dans les escaliers de l’hôpital ou sur le parking, essayant de se relayer et essayant surtout d’oublier que tu restais tout seul, la nuit, dans ce lit trop grand pour toi, avec l’angoisse de ne plus te revoir vivant. Chacun essayait pendant ces quatre jours d’agonie, de te soulager d’une façon ou d’une autre ou tout simplement d’être là, pour te donner un peu de force. Ma femme, qui semble avoir certains pouvoirs de guérisseur, a essayé de t’envoyer un peu de sa force. Elle a réussi en une journée à faire presque disparaître les marques que tu avais au poignet mais elle m’avait avoué, la veille de ton départ, qu’elle ne percevait plus qu’une petite lueur d’énergie. Elle disait que tu as décidé de partir, que tu étais fatigué et que tu en avais marre. C’est aussi ce qu’a dit mon frère, Pierrot, qui venait souvent, et à qui tu te serais confié, dans un moment de lucidité.

Alors tu es parti, ce quatre janvier 2002, à 20 h, précise l’acte de décès, peut-être un peu avant, peut-être un peu après… Ton petit cœur n’était pas branché sur une alarme, l’infirmière de garde t’a découvert sans vie… Seul, dans ce lit, ce lit trop grand pour toi…

Je me souviendrais aussi toute ma vie du téléphone qui sonne. Aurélie, ma nièce, en pleurs, m’annonce ce que tout le monde redoutait. Et là, je suis perdu, je ne sais plus quoi faire, je ne sais même pas si je dois pleurer tout de suite ou… attendre, plus tard. Je crois que je ne me rends pas compte. Je n’y crois pas, c’est ça, je n’y crois pas. D’ailleurs encore à cette heure-ci, je n’y crois toujours pas…
Aurélie me dit : « On va à Brabois ? (l’hôpital.) Tout le monde va à Brabois !»
Alors, je me dis juste que ce serait bien d’y aller aussi. C’est tout…
Et je pars, avec ma femme, Corinne, comme lobotomisé, ne pensant à rien, ne regardant rien, les yeux fixes et livides, sans un mot. Je décide de conduire… Je parcours le trajet dans la nuit, mes yeux voient mais ne regardent pas. Je parcours à nouveau le chemin que j’ai parcouru déjà quatre jours de suite pour arriver sur le parking de l’hôpital où nous attendons pour rien, une dizaine de minutes, croyant être les premiers… Mais tout le monde est déjà là…

J’arrive dans la chambre et je jette un regard machinal à papa, qui gît sur son lit de mort et je fonds en larmes dans les bras de maman, qui tout près de lui, pleure en silence. Je ne parle pas, parce qu’il n’y a rien à dire. J’entends des phrases qui fusent et je les trouve idiotes, on me propose de toucher le corps de papa. Je ne dis toujours rien. J’ai envie de serrer mes frères et mes sœurs dans mes bras, et je m’exécute, en éclatant à chaque fois en sanglots. Et puis je parle enfin « c’est pas vrai !, je n’y crois pas »… Papa est mort, ça y est, c’est fini. On me dit qu’il ne souffre plus, et j’essaie de me raccrocher à cette idée. Je pense à lui, j’espère simplement qu’il est bien là où il est, qu’on l’a accueilli correctement et j’essaie de l’accompagner là-haut par la pensée. Je me remémore toutes ses qualités, sans doute en oubliant les principales…

Puis je m’insurge intérieurement contre cette injustice qui l’a frappé toute sa vie et qui maintenant nous frappe. Tout à coup, tout m’énerve, j’ai envie de tout casser. Je n’aime pas ce que j’entends, on parle d’un mort, j’ai l’impression qu’on lui manque de respect. Mais je me tais, comme toujours…

Je comprends que cette fois-ci, après toutes les souffrances physiques que cette chienne de vie sur terre t’a réservé, tu aies eu envie de partir, une fois pour toutes, dans un autre monde. Un monde où tu pourrais recouvrer tes facultés, celles dont cette odieuse maladie t’avait privé. Car en dernier, malheureusement, tu n’étais plus devenu que l’ombre de toi-même. Cette maladie de merde, qui détruisait ton cerveau, petit à petit, à la petite cuillère, t’a volé tes souvenirs, tes repères, et l’on te voyait parfois avec l’air paniqué, ne comprenant pas très bien ce qui était en train de se passer…

Cette saloperie de maladie d’Alzeimer, Alzeimort, qui est même allée jusqu’à masquer le retour du cancer, qu’on croyait disparu à tout jamais… Qu’as-tu donc fait pour mériter cette sentence ? Je ne comprends pas ce qui s’est passé, je ne comprends pas cette forme de justice qui fait disparaître dans la douleur les hommes les plus vertueux, et les plus respectueux de leur prochain…

Pourquoi ?

Dans les secondes, les minutes, les heures, les jours, les semaines, les mois et les années, je vais me reposer cette question sans jamais y trouver de réponse satisfaisante, parce que tout cela n’est pas juste, c’est même dégueulasse. Le vice est synonyme de longévité et il semblerait que la gentillesse soit, elle, amenée à ne jamais s’éterniser… Un homme d’une sagesse extraordinaire, d’une bonté sans pareil est parti, et cet homme c’est mon père, mon papa. Mon père est l’unique homme au monde qui n’a pas de défauts. Et il a disparu.

Mon père est un saint homme et je suis fier de sentir son sang qui coule dans mes veines. Sa mort m’est très pénible, et j’essaie de l’exorciser de toutes les façons possibles. Je me force à faire le deuil de l’homme que j’admire le plus au monde et que je prends inconsciemment et consciemment pour modèle. Je trouve que c’est un supplice abominable et je culpabilise comme tous les proches parents. Je regrette de ne pas avoir fait l’effort de prendre ma voiture pour aller voir mes parents certains week-ends. Ou de ne pas les avoir appelés. Je me dis que j’ai perdu du temps, que j’ai gaspillé des moments que j’aurai pu passer avec mon père, lorsqu’il était… vivant.

Il faut passer par ces moments pour faire le deuil paraît-il ; le fait de culpabiliser est normal…

La race humaine enterre ses parents depuis la création du monde, mais cette idée ne me console pas. Combien d’enfants ont ressenti cette douleur ? Et quelle douleur !




Papa je t’aime.



Tu étais gentil, trop gentil parfois. Et comme cela arrive très souvent dans ces cas-là, tu étais vulnérable. La vie n’est pas toujours tendre avec les gens qui sont trop gentils.
Ceux qui t’ont connu, dont certains sont venus à l’enterrement pour te rendre un dernier hommage connaissaient ta bonté, cette fameuse gentillesse qui te caractérisait si bien et la très grande sagesse que tu avais indéniablement acquise. On pouvait également être étonné par cette force que tu avais en toi et cet amour que tu offrais sans retenue à ta famille, aux gens que tu aimais, et à l’humanité en général.

Tu faisais partie de ces rares hommes qui inspirent le respect, qui forcent l’admiration et pourtant tu étais très discret, toujours humble, respectueux de ton prochain, toujours juste et équitable dans tes jugements. On venait te voir, pour tes compétences, tes conseils et tu accueillais tout le monde, toujours, serviable et tellement humain. On aimait ton sens de l’humour inimitable, inné, tes jeux de mots, ta très grande habilité à manier la plume et à faire chanter les mots, la fluidité des textes que tu rédigeais, autant de qualités que je ne pourrais imiter sans les dénaturer (à mon grand regret.)

Je ne peux pas énumérer tes précieuses qualités de peur d’en oublier, je sais que tu étais apprécié de tous et que jamais tu n’as fait de mal à personne, je sais d’ailleurs que tu étais apprécié à juste titre pour ton intelligence et ta tolérance.

Je remercie maman qui t’a toujours soutenu dans les pénibles épreuves que furent tes nombreux problèmes de santé, mais également en toutes circonstances, elle était là, près de toi. Même quand ta maladie devenait insupportable, elle n’a jamais voulu que tu te retrouves ailleurs, dans un de ces établissements glauques, gris et inhumains où tu aurais été privé de l’amour qu’elle t’apportait chaque jour à la maison, parfois au détriment de sa santé. Si maman n’avait pas fait tous ces efforts, tu nous aurais quitté beaucoup plus tôt. Grâce à maman, tu es parti en paix.
Si la vie a fait que tu as beaucoup souffert physiquement, on voudrait se persuader que ta disparition est une délivrance, mais c’est vraiment difficile. Tu nous manques tellement.

Cependant, nous, tes enfants, qui avons eu la chance d’avoir un père exceptionnel, comme tout le monde pourrait rêver d’en avoir un, nous contribuerons chacun de notre côté à continuer à te faire vivre, à travers nos souvenirs respectifs et secrets, ces délicieux moments de tendresse partagée, nos sourires complices, nos paroles échangées dont on se rappelle encore plusieurs années après…Mon petit Papa tu étais un grand homme. Papa c’était quelqu’un, je ne veux pas qu’on l’oublie, papa je t’aime et je t’aimerai toute ma vie…

Le racisme

Le racisme



Sujet de dissertation favori des profs de français des collèges et lycées, qui n'a pas un jour été contraint de formuler une opinion écrite quant à ses idées ou à ses convictions concernant cet épineux problème ? Alors voici ce qu’il faut écrire : (non je déconne.)

Généralement, et je crois que c'est de notoriété publique, les enseignants sont des hommes de gauche, ouverts, tolérants. Les élèves ne sont pas aussi cons qu'ils y paraissent et ils connaissent très bien cet état de fait. Si on leur demande d'exprimer leurs idées sur le racisme, ils feront en sorte d'écrire très précisément ce que le prof a envie de lire, même si dans leur esprit, les choses ne sont pas aussi claires. Je sais encore que l'enseignement que dispensent les profs de lettre sur ce sujet a pour objet d'inculquer aux élèves cette notion d'égalité universelle entre les hommes. Idée noble qui découle un peu de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen, qui tire peut être son origine dans nos traditions de pays accueillant et démocratique, parfois aussi dans cette peur de revivre un jour l'holocauste nazi, l'extermination d'une certaine race sous un prétexte d'infériorité, alors que c'était de crainte dont il s'agissait. Les nazis avaient peur des juifs, non pas parce qu'ils étaient violents ou agressifs, mais parce qu'ils réussissaient dans les affaires, qu'ils avaient l'esprit d'entreprise et que tout semblait leur sourire. Forts de cette sorte de prédisposition, ils étaient omniprésents dans chacun des secteurs économiques, ils commençaient d'une certaine façon à contrôler le pays. Le racisme sous-jacent de certains est contenu et retenu grâce à cette épée de Damoclès que fut cette sombre époque et qui plane encore de nos jours au-dessus de toutes nos têtes. « Plus jamais ça ! »

Le racisme est un réel problème en France alors que c’est bien connu : personne n’est raciste ! Jamais on n’a entendu un homme politique ni un homme public ni une vedette ni même une personne interviewée au hasard dire : « Oui ! Moi je suis raciste ! » Personne n’est raciste, c’est évident ! Alors, que faut-il faire, que faut-il dire, que faut-il penser ? Déjà en France, il paraît qu’on a le droit de penser. C’est bien. En revanche, on n’a pas le droit de dire n’importe quoi. Bon, maintenant je parle sérieusement…. Promis. Enfin, j’essaie d’être sérieux. Parfois, j’y arrive.

Il ne faut pas se voiler la face et dire, sous prétexte du respect quasi religieux de certaines doctrines malhonnêtes qui visent à laver le cerveau des faibles esprits, que tous les hommes sont égaux, dans le sens d'identiques. Ce n'est pas vrai. Allez dire à un Ecossais ou à un Irlandais qu'il est anglais, essayez de faire croire à un Chinois qu'il est comme un Japonais, ne dites surtout pas à un Palestinien qu'il est le semblable d'un Israélien. Tous les hommes sont différents, déjà physiquement, on n'a pas de sosie parfait, et c'est dans cette différence que réside une certaine forme de richesse du patrimoine humain. Les hommes ne sont pas des pièces usinées qui sortent du même moule, ce ne sont pas des clones couleur chair. La couleur chair n'existe pas, elle peut être rosée, noire, jaune, rouge, que sais-je encore. Acceptons de reconnaître dans un premier temps toutes ces différences physiques, tous les hommes ne sont pas « égaux » de ce point de vue là.

En plus, il y a le langage, propre à chaque nation, la religion, les lois, les mentalités. Les hommes n'ont jamais voulu de réunion universelle, ils étaient plus sages auparavant et savaient bien qu'une tentative de rapprochement avec un voisin dont les idées étaient complètement opposées était vouée à l'échec de façon automatique. L'être humain a toujours été attaché à son identité et à son patrimoine, à son rattachement à un clan, une région, un pays. Chacun veut conserver les acquis que constituent tous ces points de repères qui ont pour principal but, justement, de les différencier d'autres groupes. Il n'y a pas si longtemps, la venue d'un étranger dans une commune, entendez par-là, quelqu'un d'un autre village, d'une autre région, provoquait dans la population une réticence certaine, de la méfiance, voire même un rejet du nouveau venu. D'après vous, d'où vient cette attitude ? Est-elle compréhensible, contestable. Doit-on tout simplement porter un jugement ? On parlait alors des culs-terreux, de leur étroitesse d'esprit, de leur mentalité vieillotte. Ils se sentaient sûrement menacés et se protégeaient. Dans leurs esprits, on venait tout à coup bouleverser leur petit univers tranquille et monotone. L’inconnue fait peur, et ça, c’est une donnée intemporelle. Maintenant le phénomène est devenu courant, le retour aux sources de citadins fatigués est entré dans les mœurs. Ils viennent là parce que c'est plus calme et parce que l'air y est plus respirable.

Et la grande Europe, c'est pour demain, la mondialisation pour après-demain ? Vous y croyez vous ? Depuis combien de temps essaie-t-on de construire cet édifice ambitieux qu'est la réunion de pays sensiblement de même culture pour former une énorme puissance, d'abord économique, militaire, et peut être un jour humaine ? Les obstacles ne manquent pas, tout d'abord parce que chaque pays membre est attaché à son patrimoine respectif comprenant sa langue, sa monnaie, ses lois, ses mentalités, ses habitudes, sa religion. Ce ne sont pas des lois qui vont obliger des millions d'hommes à parler une autre langue. Cette barrière naturelle de la langue restera, quoi qu'il arrive, et cela, rien que cela, c'est le rappel naturel de notre appartenance à un seul et unique pays. L'Europe existera peut être vraiment un jour politiquement, sur des documents officiels, mais jamais dans l'esprit des gens. On pourrait à la limite obliger les Anglais à rouler à droite (ça risque d’être dur), et forcer tous les Européens à payer en Euros, mais c'est tout. L'homme n'est pas prêt à réaliser cet énorme rassemblement issu plus de volontés politiques égoïstes que de l'intention des européens eux-mêmes.

L’homme a du mal à renoncer à une identité naturelle, construite au fil des générations. Prenons pour preuve la majorité des immigrés maghrébins en France : ils conservent presque tous la religion musulmane et c’est leur droit. Ceci sous-entend l'adhésion aux idées et aux obligations qui y sont rattachées, la conservation et la perpétuation de la langue aux descendants nés sur le sol français, l'inculcation de tous les préceptes de leur pays d'origine. Doit-on en conclure qu’ils s'excluent volontairement et se désolidarisent des autres français ? En France, il est vrai que l'on respecte les idées politiques, les appartenances religieuses mais certains prennent ça comme une provocation, alors que ce n’est qu’une difficulté, dans le procédé complexe de l’intégration.

La race française existe-t-elle ? C'est la question qu'il faut finalement se poser. Je pense qu’elle n'existe pas. Il suffit pour s’en convaincre de considérer que notre population actuelle n'a pas de racine souche incontestable. Notre race est le fruit d'un mélange de populations diverses, qui ont leur origine dans les diverses invasions dont fut victime notre territoire au cours des millénaires. Notre pays a reçu la visite de bon nombre de personnages hostiles qui avec le temps se sont fondus dans la masse et ont contribué à l'édification de notre race. Les Vikings, les Normands, les Bretons, les Goths, les Leuques, les Romains, les Maures et plus récemment les Allemands. J'en oublie certainement. Nous sommes donc tous issus, et c'est indéniable, de ce melting-Pot de longue haleine.

La population américaine est un exemple intéressant puisque récent. Il n'existe pas de race américaine, les Américains sont tous des immigrés. Les vrais Américains, ce sont les rares Indiens qui n'ont pas été exterminés. Le Ku Klux Klan qui prône la supériorité blanche et qui voudrait que la race américaine soit purifiée a tout faux. Les Américains sont multicolores. Il faut aussi rappeler aux racistes d'outre atlantique que les noirs n'ont pas demandé à venir sur le sol américain, ce sont les descendants des esclaves « importés » en masse du temps où l'homme pouvait être considéré comme une marchandise. De plus, il suffit de se baser sur les résultats sportifs des athlètes de haut niveau, notamment pendant les jeux olympiques ou maintenant dans le football moderne pour s'apercevoir qu'il n'y a pas une nation qui domine le sport mondial, mais une race : la race noire qui décidément est nettement supérieure physiquement aux blancs, n'en déplaise à certains. La France aussi, pour les guerres tout d'abord a fait appel aux populations des colonies pour envoyer cette chair à canon obéissante au casse-pipe. Après la guerre, elle a fait appel à une main d’œuvre étrangère pour la reconstruction du pays. Est-il normal de renvoyer ces hommes dans leurs pays respectifs ? Vous croyez que les Américains peuvent renvoyer leurs noirs en Afrique parce qu'on ne peut plus s'en servir comme esclave ?

Cependant, les pays industrialisés sont désormais victimes, à cause de leur succès économique et de leur statut de pays démocratique d'une nouvelle forme d'immigration moderne, véhiculée par les espoirs, souvent déçus, par cette certaine image d'Eldorado, « de rêve américain » que se font les nouveaux arrivants, du pays qui les accueille. Ainsi, la fuite a lieu en principe vers d'anciens pays colonisateurs, pour des raisons de meilleure intégration ou tout simplement vers le pays démocrate le plus proche. En France, nous accueillons principalement des Nord-Africains, les Anglais recueillent les Indiens, les Allemands hébergent les Turcs, les Américains reçoivent la visite des Cubains et des Mexicains. Tous arrivent avec des rêves et des espoirs pleins les yeux, la fuite d'un pays pauvre, d’un régime totalitaire ou d'un territoire aride où les enfants meurent par milliers constitue déjà en sois une esquisse de victoire. La fin d'une vie médiocre, et peut être le début d'une autre, plus souriante.

C'est vrai que l'on peut comprendre la ou les motivations qui poussent des gens à fuir leur pays et à venir se réfugier en France, terre d'asile. C'est parfois l'instinct de survie, tout simplement. Je suis sûr que si tous ces gens avaient ne serait-ce qu'une chance de rester chez eux et de pouvoir vivre une vie normale, d'élever leurs enfants dans des conditions décentes, sans avoir à craindre les fusils, les bombes, les menaces de mort, les lynchages, ils resteraient dans leur pays. On ne quitte pas le pays qui vous a vu naître de gaieté d'âme. C'est par obligation que l'on laisse tout. On abandonne ce que l'on possède, terre, maison, biens et parfois famille pour fuir.

Cependant, le problème, c'est que la France ne peut pas absorber comme ça toute la misère du monde. Le problème de la misère n'est toujours pas résolu sur le sol français. Chez nous aussi, il y a encore des gens qui crèvent de faim, de froid, de solitude. On a des lois qui théoriquement, si elles étaient suivies scrupuleusement, interdiraient la misère. Le droit au R.M.I[1], depuis 1988 qui a pour objet d'assurer un minimum de ressources à tous est une mesure sociale gouvernementale faite pour éviter le pire. Heureusement qu'une telle allocation existe, même s'il est indéniable qu'elle correspond à l'étiquetage d'une certaine catégorie de la population ! Je ne dis pas que le R.M.I règle les problèmes, au contraire, ce revenu a beaucoup de défauts, mais il limite la casse, et dans le contexte actuel, c'est déjà un succès d'éviter à des gens de crever sur un banc public. La France n'a plus les structures nécessaires pour accueillir de nouveaux pauvres, quelle que soit leur nationalité. On n'arrive plus à intégrer des Français à la société française, le défit devient cornélien lorsqu'il s'agit d'intégrer des étrangers qui ne parlent pas notre langue. Des associations ambitieuses aident les gens les plus démunis. L'armée du salut, les restos du cœur, les banques alimentaires, le secours populaire, Emmaüs accomplissent un travail remarquable, sans discrimination, sans porter de jugement. Ils aident sans état d'âme tous ceux qui en ont besoin. Les associations le disent : « On a atteint la limite. » La limite de la décence sans doute. Et le phénomène s’accentue avec l’arrivée de plus en plus massive de demandeurs d’asile, en attente d’un hypothétique statut de réfugié. Les centres d’accueil (CADA-AUDA[2] ou CHRS[3]) affichent complet. Ce qu'il y a de sûr c'est que pour les esprits solidaires, plus il y aura de monde à nourrir, plus la part de chacun sera petite. Ces pauvres gens, qui n'ont plus rien, qui n'ont plus que ça, sont-ils encore prêts à de nouveaux sacrifices, accepteraient-ils de partager leur repas déjà frugal ? Serait-ce décent et juste, sous prétexte d'être un pays accueillant et humaniste, d'appauvrir encore plus les pauvres ? Et oui, ce sont toujours les pauvres qui paient, même quand ils n'ont plus rien. Les classes modestes sont également largement sollicitées. Dès que l'on commence à gagner un peu d'argent, l'état commence ses ponctions. Les riches industriels, les hauts fonctionnaires, les politiciens, les cadres, qu'est-ce que ça va changer pour eux ? Après tout, ils s'en moquent qu'on accueille toujours davantage d'étrangers sur le sol français. Ils ne croisent pas la misère tous les jours, ils en entendent vaguement parler et font semblant de savoir ce que c'est.

Certains français ont une réaction pour le moins tranchée face à ces nouvelles vagues d’immigration : « Bon, maintenant ça suffit, on a assez d'étrangers comme ça en France maintenant ! », cela peut ressembler à des propos extrémistes, racistes, fascistes. Ce n'est pas le tout d'avoir bon cœur. Tout le monde a bon cœur dans le fond. Toutes ces bonnes bouilles de gamins qu'on voit parfois à la télé qui survivent dans des conditions misérables, on aimerait bien les sortir de leur merde. On aimerait bien leur dire, venez chez nous, c'est mieux. Malheureusement, on ne peut pas tous les aider. Il y en a tellement qu'il y en a beaucoup trop ! On est tenu d'être sélectif, restrictif, même si c'est injuste. C'est vrai que ça ressemble un petit peu à une cantine où les premiers arrivés sont les mieux servis. Pour les autres il n'y a plus de place et il ne reste plus rien, on les renvoie chez eux. Contrôler l'immigration, la réduire, c'est devenu obligatoire.

L'état économique actuel de la France est à mon sens de nature à inciter le racisme. Les premières victimes du chômage étant les derniers arrivés dans le pays : les étrangers. Ils sont donc pour la plupart dans une situation précaire : au chômage, RMIste, en un mot exclus. Tous les ingrédients sont donc réunis pour mettre le feu aux poudres : on tombe dans la spirale infernale qui fait que certains individus, à bout, deviennent délinquants, ils volent ou attaquent les intérêts de victimes « innocentes » qui s'empressent, aussitôt dépouillées, de devenir racistes : « Hier soir, je me suis fait voler mon portefeuille et mon blouson par un groupe de blacks. » Très facile après de penser que tous les noirs sont des délinquants et des voleurs alors qu'en fait ce n'est que l’œuvre isolée de trois individus désœuvrés. L'amalgame est facile. L’extrapolation est trop tentante.

Je crois que l'intégration des étrangers sur le sol français ne fonctionnera jamais si les choses restent en l'état et si des efforts ne sont pas consentis par chacune des deux parties. D'un côté, on trouve l'état souverain qui se plaît à recréer des ghettos, des quartiers entiers d'étrangers, et de l'autre des immigrés qui pour certains souhaitent conserver coûte que coûte leurs habitudes, leurs coutumes et leur façon de vivre en refusant catégoriquement d'adhérer à certains principes républicains ou laïques par exemple. Voilà le problème. Comment voulez-vous intégrer des étrangers à la population française si vous les regroupez entre eux et si vous faites tout pour que les choses restent en l'état ? C'est comme la politique du surloyer que doivent désormais acquitter certains locataires qui gagneraient trop d'argent. Ces braves personnes qui vivaient en H.L.M et qui contribuaient à la diversité de sa population vont fuir ces immeubles et laisser entre eux les «pauvres.» C'est comme ça qu'on crée des ghettos.

Les immigrés sentent bien qu'on tente de les regrouper tous ensemble pour mieux les contrôler. Ils se révoltent parfois dans les banlieues et incendient des voitures ou pillent quelques magasins. La violence n'est pas excusable même si on lui trouve toujours un bon prétexte. Et leurs révoltes n'atteignent jamais le pouvoir : c'est la voiture d'un proche voisin qu'on a incendiée, c'est la vitrine d'un commerçant courageux qu'on a brisée. Les choses ne changeront pas comme ça. Encore une fois, il ne faut pas se « voiler la face » et prendre la défense de l'une ou de l'autre des parties, les torts sont partagés.

Pourtant, en silence, certaines catégories d'étrangers s'intègrent parfaitement. Dans notre région, on a fait venir de la main d’œuvre de Pologne, de Yougoslavie du Portugal ou d'Italie, à l'époque où les mines et les usines sidérurgiques employaient. Toutes ces populations se sont parfaitement intégrées aujourd'hui, pourtant ça ne fait pas si longtemps qu'elles sont arrivées sur le territoire. C'est là que l'on s'aperçoit de la différence énorme qu'il peut y avoir entre un immigré Portugais ou Italien et des immigrés d’autres horizons. Il n'y a pas de différence physique évidente ni flagrante. Est-ce une question de mentalité, de religion, de faculté d'adaptation ou est-ce simplement une question de volonté ?

L'intégration d'une population nouvelle n'a jamais été aisée, mais elle a pourtant été possible avec le temps, avec des concessions et des efforts de la part des nouveaux venus. La bonne intégration est à ce prix. Au risque de chanter toujours la même antienne, je voudrais insister sur le fait qu'il faut s'adapter au pays qui nous accueille et non pas imposer à tout prix ses préceptes, ses coutumes ou ses habitudes aux autres. C'est un mauvais calcul et ça peut être interprété comme de la provocation. L'histoire du port du voile islamique dans les écoles, « sanctuaire » des laïcs par définition, c'est tout sauf des efforts d'intégration. Pire, c'est un bon prétexte pour le Français de devenir raciste et d'offrir sa voix au front national qui ne demande que ça.

Et que dire des vagues d’attentats à répétition, des crimes perpétués en Algérie ou sur le sol français sous un faux prétexte religieux ? D'après ce que je connais du Coran, il n'a jamais été question d'inciter les croyants à perpétrer des crimes odieux, à s'attaquer à des innocents par le biais d'attentats. Le temps des croisades est révolu, on ne peut plus, à notre époque, convertir de force des gens à une religion, ni les forcer à en respecter scrupuleusement tous les principes. L'intégrisme islamique est encore une occasion facile de rendre les gens méfiants face à des personnes au teint basané. Je ne vais pas m'étendre sur ce sujet car je ne veux pas non plus être condamné à mort comme des dizaines de journalistes et d'écrivains considérés comme « profanes », j'ai trois enfants à élever.

Avec tous ces obstacles, on a un peu l'impression que l'intégration s'effectue dans la douleur. Pourtant, il y a l’exemple des jeunes qui, sans état d’âme, se côtoient et s’apprécient. La mixité existe et on peut observer, un peu partout, des jeunes beurs ou des jeunes « blacks » qui grandissent au côté des petits « blancs » (génération black-blanc-beur) dans les mêmes conditions, ils fréquentent les mêmes lieux, les mêmes écoles, ils se côtoient tous les jours et ont adopté le même vocabulaire, la même façon de s'habiller. On pourrait dire qu'ils sont tous différents, mais tous tellement identiques. Difficile de dire qui a copié sur qui, le résultat est un mélange surprenant. Une génération de jeunes qui parlent un accent étranger des banlieues trop facilement repérable, qui s'habille comme les basketteurs américains, et qui s'ennuie à un âge où on devrait s'amuser de tout. Malheureusement certains naissent avec l'instinct de haine et l'agressivité qui leur sert d'héritage basé sur l’exemple de certains aînés dont l’insertion est un échec. Ces jeunes apprennent très tôt à devenir des exclus, sans le savoir. On se dirige tout droit vers un racisme anti-banlieue, parce que ces jeunes font peur, et la peur qu'ils suscitent les exclue de façon automatique du système. Dans l'esprit de certains, les jeunes issus de ces quartiers bien connus emportent partout avec eux cette réputation malsaine et malhonnête qui vient entacher leurs espoirs et leurs tentatives d'insertion.

Enfin que dire des médias, qui, à longueur de journaux télévisés diffusent des images et des messages prônant la tolérance, le respect de l’autre, l’insertion à tout prix, et dénonçant avec véhémence toute personne semblant s’opposer au processus qu’ils semblent vouloir contrôler ? Ne risquent-ils pas, par ce maladroit matraquage, de créer dans l’esprit de beaucoup de gens, l’effet inverse à celui initialement escompté ? S’il n’y avait pas de relais médiatique systématique à certaines petites histoires au départ sans importance, sûrement que des solutions locales et rapides seraient trouvées et probablement que d’autres individus, n’auraient pas l’idée de copier des dérives si personne ne s’en était fait l’écho. Malgré tout ça, le processus de l’insertion se fait, petit à petit, loin des flashes et des caméras, qui sont inutiles. Nous avons tous des amis, des collègues ou des exemples en tête de personnes parfaitement intégrées. Il ne faut pas vouloir précipiter les choses ou pire, les forcer, ça aboutit à coup sûr à l’effet inverse.

Le racisme, de quel ordre qu'il soit, a encore de beaux jours devant lui. C'est une plante vénéneuse que chacune des parties entretient sans l'avouer de façon sous-jacente, peut être inconsciente, en préférant privilégier le culte de la différence à celui de l'insertion. Pas l'insertion à tout prix, mais de petits efforts, un regard différent sur l'autre, une tentative de dialogue, un rapprochement, des concessions peut être. Mais pour ça, il faudrait que les gens soient en confiance. Malheureusement, la confiance a disparu de la surface de la terre sans pour autant qu'il n'y ait eu de cataclysme ou de tremblement de terre. J’ai l'impression qu'à mesure que le temps passe, l'homme devient de plus en plus méfiant avec son prochain et par conséquent, de moins en moins tolérant...

Pour conclure, lorsqu’on souhaite donner son point de vue sur un sujet aussi sensible que le racisme, on est quasiment certain, de susciter des réactions, positives ou négatives. En tout cas, il est impossible, et illusoire de vouloir mettre tout le monde d’accord. Chacun campe sur ses positions, persuadé qu’il détient la vérité, et qu’elle ne doit pas être contestée, ni même discutée. Pourtant, je crois que si l’homme acceptait de se remettre en question, il trouverait probablement les réponses.
Même si on ne pourra jamais convaincre un convaincu ; on peut au moins espérer le faire réfléchir, ce qui constituerait déjà une petite victoire. Je sais, je suis un grand rêveur.
[1] Revenu Minimum d’Inactivité, heu, d’Insertion pardon !
[2] Centre d’Acceuil (d’Urgence) des Demandeurs d’Asile
[3] Centre d’Hébergement et de Réadaptation Sociale

La Drogue

La drogue



Aujourd'hui, mon meilleur ami Fred est venu chez moi, il avait une mauvaise nouvelle à m'annoncer. J'ai tout de suite pressenti que quelque chose de vraiment grave s'était produit, c'est bizarre, mais j'ai immédiatement pensé à la mort, la mort de quelqu'un que je connaissais. Quand il a prononcé le nom d'un ancien copain que j'ai très bien connu et avec lequel j'ai passé de bons moments, j'ai compris qu'il était mort, même si dans la seconde qui a suivi je me suis répété intérieurement : «Il a peut être seulement eu un accident.» Et puis Fred a tout de suite coupé court à mes espoirs en m'annonçant la terrible nouvelle. Je n'étais pas surpris, c'était étrange ce sentiment de fatalité qui venait de m'envahir. J'avais la soudaine et très désagréable impression que quelque chose de terrible lui arriverait un jour ou l'autre et qu'il mourrait jeune... Je m'en voulais d'avoir vu juste.

Tout de suite après la terrible nouvelle, je me suis rappelé de lui, à l'époque où nous nous fréquentions. C'était quelqu'un qui aimait la vie, passionnément, quelqu'un qui aimait rire, plaisanter. Je me suis rappelé de ces parties de fous rires, des blagues hilarantes qu'il adorait raconter. Il adorait ça raconter des histoires drôles, je sais qu'il jubilait lorsque l'assistance restait pendue à ses lèvres pour connaître l'issue d'une de ses fameuses histoires. Je revois tous ces sacrés bons moments, ces précieux instants de la vie pendant lesquels nous partagions tout. Nous étions un peu fous tous les deux, sans doute parce que tous les jeunes sont un peu fous. Je m'étonne aujourd'hui en constatant avec le recul à quel point nos comportements étaient similaires. C'est vrai, je ne suis pas resté avec lui vraiment longtemps et je n'étais pas avec lui 24 heures sur 24, mais je l'aimais beaucoup, c'était un ami, mon ami, quelqu'un de vraiment gentil. Je sais qu'il ne faisait pas l'unanimité auprès des autres jeunes, plus chastes d'une certaine manière, mais il avait bon cœur et je sais qu'il a souffert de cette mise à l'écart sous-jacente, et peut être inconsciente de certains autres camarades. Sa mort me fait beaucoup de peine.

Toute la semaine, j'avais promis à mon fils que je l'emmènerai avec moi, qu'on irait se promener, il voulait aller sur les manèges ce samedi. Je n'ai pas pu tenir ma promesse. Samedi, c'était le jour de l'enterrement et je voulais être là pour lui rendre un dernier hommage, pour lui montrer qu'il avait beaucoup compté pour moi, que je l'avais apprécié et qu'il était important. J'espérais que d'autres personnes qui comme moi avaient croisé son chemin, l'avaient apprécié tout comme moi et puis perdu de vue, presque oublié, seraient présentes elles aussi...

Fred, lui aussi l'avait bien connu, peut être mieux que moi encore. Une année, ils étaient partis tous les deux en vacances.

On était mal à l'aise dans la voiture de Fred. Nous roulions vers le village où notre ami commun avait grandi. Nous parlions de lui, en fait on se rappelait les joyeux épisodes de notre vie passés en sa compagnie. Arrivés devant l'église, nous pénétrâmes sans transition dans cette atmosphère terrible de profonde tristesse, de détresse muette, de sanglots étouffés. Mon meilleur ami est passé devant, j'avais peur d'entrer. J'ai attendu un peu et je me suis mêlé aux gens qui gravissaient les marches. Je suis arrivé devant sa mère et je l'ai embrassée, elle m'a remercié. Ensuite, il y avait sa sœur que je connaissais très bien, complètement effondrée. Je lui ai serré l'avant bras en signe de compassion et je l'ai embrassée en fermant les yeux, la gorge serrée, le cœur déchiré d'impuissance. Je n'ai pas vu sa deuxième sœur et j'ai évité son père.

J'ai rejoint le groupe d'amis et la messe a commencé. J'ai pleuré lorsque certaines paroles furent prononcées, en plus, le corps n'était même pas là, pour des raisons « administratives » a dit le curé. En fait, le corps devait être autopsié pour déterminer les causes exactes de sa mort. Ou plutôt, pour en être définitivement certain, puisque tout le monde sait déjà que J.P. est mort d'une overdose. Il nous laisse donc là, plantés comme des piquets enracinés dans nos interrogations, scellés par l'incompréhension. Le tout n'est pas de savoir comment c'est arrivé, la réponse sera comme à chaque fois : « C'est une erreur stupide », ce qu'il faut essayer de savoir c'est pourquoi il en est arrivé là. Le savait-il lui-même ? Pourquoi se droguait-il ? Ca va tellement vite des fois qu'on se fait happer par un engrenage infernal sans s'en rendre compte.

A l'enterrement, les parents de mon ami ont essayé de faire passer un message, une mise en garde destinée aux jeunes, à tous les jeunes. Ils ont insisté pour bien faire comprendre que la mort de J.P. devait servir à montrer qu'à force de jouer avec le feu, on finit toujours par se brûler. Tous ceux qui n'ont jamais touché à la drogue en ont été immédiatement convaincus. Cette triste histoire n'a fait que renforcer leurs intimes convictions. Mais les autres, ceux qui se droguent à l'heure actuelle, tous ceux qui ne croient plus en rien et n'espèrent plus rien, la peur de la mort qu'ils viennent de voir d'aussi près réussira-t-elle à les raisonner ? Et pour combien de temps ? Sont-ils à ce point abouliques et inconscients ? Que faut-il faire maintenant, comment faut-il procéder avec ces gens ?

Je suis de ceux qui disent qu'une fois qu'on a commencé à rentrer dans ce processus infernal, on a peu de chance de s'en tirer sans séquelles. La drogue procure-t-elle donc des sensations si vertigineuses pour qu'autant de mortels s'adonnent à ses charmes ? Est-ce vraiment exceptionnel ou alors n'est-ce pas une sorte de signe de ralliement entre des membres d'une union ésotérique qui de par cet acte répréhensible proclame à sa façon ses idées anarchiques ? Est-ce que c'est un jeu aux sensations inimitables pratiqué par des gens normaux dont le seul défaut est d'aimer le risque ? Le risque est bien sûr présent à la première fois et jusqu'à la dernière, mais plus on avance dans le cloaque de l'accoutumance et moins on garde à l'esprit ce garde fou pénible. La dose devient un besoin vital et il n'y a plus que ça qui importe, le risque, on fait comme s'il n'existait plus, le reste est superflu. C'est là qu'on sombre, quand on perd cette notion de valeur des choses, quand on ne perçoit plus les événements tels qu'ils sont vraiment. Il n'y a plus de jeu, plus guère de sensation, le charme caractéristique de cet acte interdit s'est désintégrée, complètement. Il n'y a plus de rebelles qui forcent l'admiration, il n'y a plus que des marginaux sales qui effraient tout le monde ; il n'y a plus que des loques humaines et fantomatiques toutes dépenaillées, des corps qui jonchent un sol gras d'excès passés, qui agonisent, la respiration capricante et qui délirent dans leurs geignements d'extase mortelle, les yeux dans le vide, le regard froid...

Les drogués sont tous de grands malades, des victimes, menteurs comme disait J.P., on ne peut plus leur faire confiance. Voyez maintenant où est mon ami, lui qui se croyait invincible, lui qui nourrissait tant de projets, lui qui aimait tant rire, lui qui aimait la vie autant que n'importe quel jeune, lui qui voulait s'en sortir, lui qui croyait encore il n'y a pas si longtemps qu'il pourrait s'en sortir...

La date de son décès coïncidera avec celui de sa naissance, à trois ou quatre jours près. Il avait vingt-six ans et ce sont ses propres « amis » qui lui ont offert le « cadeau » : une bonne dose de cocaïne pour fêter l'événement, c'est un cadeau de valeur, pour lui prouver qu'il compte beaucoup, que c'est un ami que l'on aime. Il n'a pas refusé ce cadeau empoisonné, il est tombé dans le coma et est décédé quelques jours plus tard.
Des morts par overdose, il y en a tous les jours et elles ne changent rien. J'ai du mal à croire que la mort de mon ami puisse servir à quelque chose.

Depuis quelle date je ne remplis plus mon devoir électoral

Depuis quelle date je ne remplis plus mon devoir électoral



A Moutonland, l'année 1995 vit l'arrivée au pouvoir de Jack Chorak (aussi appelé J.C.), élu grâce à ses promesses et à sa pâle imitation du Général De Baule. Elu aussi et surtout parce que les Moutonlandais voulaient du changement, convaincus que le mot changement devait automatiquement signifier amélioration, et las de supporter depuis aussi longtemps l'apparente passivité du pouvoir socialiste. Ils voulaient du changement les Moutonlandais, et bien ils en ont eu, mais peut-être pas comme ils l'avaient souhaité.

En effet, ce cher J.C., fraîchement élu ne perd pas une seconde et se met immédiatement au travail. Il nomme à la tête du gouvernement un M. Alain Duppé, presque inconnu du commun des mortels, avec un faux air inoffensif... Celui-là, à peine intronisé, se met sans attendre à l'ouvrage, il lance le mot d'ordre : la réforme. Les Moutonlandais, qui, si on en croit les suffrages obtenus par la droite, n'attendaient que cela, qu'on réforme ce pays, qu'on change de politique. Ces espoirs et ces attentes, bien légitimes représentaient dans la tête de beaucoup d'électeurs, la fin d'un calvaire, la fin d'une époque pendant laquelle le chômage avait considérablement augmenté et les conditions de vie s'étaient dégradées.

Les Moutonlandais, tout du moins la majorité, en glissant leur bulletin de vote dans l'urne s'imaginaient déjà cette réforme salvatrice qui allait endiguer et résorber le chômage, ils voyaient déjà leur salaire augmenter, ils pensaient déjà à la baisse de leur temps de travail, les fonctionnaires pensaient déjà à la paisible retraite qui, au bout de 37 ans et demi de travail, allait venir récompenser leurs bons et loyaux services, leur dévotion infaillible et fidèle.

Mais les Moutonlandais, et cette fois-ci tous, ne tardèrent pas à s'apercevoir dans les mois qui suivirent l'élection présidentielle qu'ils avaient installé au pouvoir le premier monarque élu démocratiquement. Une personne très intelligente certes, mais sans scrupules et qui avait pris place au 1er rang de la nation en abusant de la crédulité et de la naïveté de pauvres gens essoufflés par vingt-cinq ans de crise économique. Mais qui n’aurait pas fait la même chose à sa place ?

Et ça commence en été : le 1er août, la TVA prend deux « points » supplémentaires pour passer à 20,6 %, ce qui est à mon sens, une incohérence flagrante à l'heure où les nations européennes ont pour mot d'ordre l'uniformisation. Moutonland caracole en tête du palmarès des plus gros taxeurs ! De plus, la T.V.A., impôt universel, touche toutes les couches sociales : pour le PDG, c'est rien, pour le RMIste, c'est trop. Voici qui ne va pas aller dans le sens des promesses électorales et qui par conséquent ne réparera pas cette fracture sociale que J.C. semblait tant vouloir réduire.

Bien sûr, à la hausse de la TVA se sont ajoutées les maintenant célèbres hausses du tabac et de l'essence. Moyen pratique pour ne pas augmenter l'indice de la hausse des prix à la consommation puisque ces denrées n'entrent pas dans le calcul de cet indice (qui décidément ne veut rien dire.)

Ensuite, M. Duppé, assisté des nouveaux ministres de la fonction publique et du budget annonce avec un grand sourire le gel des salaires des fonctionnaires en 96. Il veut également faire croire aux Moutonlandais que ceux-ci sont des privilégiés, et y parvient presque. Il y a même à cette époque, l'idée lancée puis démentie de faire passer à 40 ans le nombre d'années nécessaires pour obtenir la liquidation de la retraite du fonctionnaire.

Puis, arrive le cheval de bataille favori du gouvernement : résorber la dette de la sécurité sociale et Duppé, qui décidément travaille beaucoup, nous a préparé un plan dont lui seul a le secret ! Il le rend public, toujours aussi fier de lui et toujours aussi peu persuasif. La colère commence à gronder chez les syndicalistes. Alors, nous aurons donc une hausse du forfait hospitalier qui passera de 55 à 70 F au 1er janvier 96, ensuite le R.D.S ou C.S.G bis qui viendra grever nos salaires d'un pour cent supplémentaire, la maîtrise des dépenses, à savoir un contrôle systématique des médecins (pour voir s'ils ne prescrivent pas de médicaments pour s'amuser), un contrôle systématique des patients (pour voir s'ils ne vont pas à l'hôpital ou chez le médecin pour le plaisir) etc etc... Mais les fonctionnaires descendent dans la rue et paralysent Moutonland. Plus de train, plus de métro, plus de courrier... D'autres corporations de fonctionnaires menacent elles-aussi de se joindre au mouvement. Un bras de fer a lieu entre les syndicats qui souhaitent un retrait sans condition du plan Duppé et le gouvernement qui s'évertue à expliquer et à vouloir faire croire au bien fondé de cette réforme. Mais les Moutonlandais n'en veulent pas, ils expriment un ras le bol unanime qui dénonce et qui condamne cette habitude qu'ont pris les gouvernements de taxer de plus en plus.

Rien ne va plus à Moutonland en cette fin d'année 95, la paralysie exercée par les cheminots qui ne lâchent pas leurs piquets de grève commence à asphyxier l'économie du pays. On ne compte plus les centaines de kilomètres de bouchons à la périphérie de la capitale, les banlieusards mettent 4 ou 5 heures pour se rendre sur leur lieu de travail... En un mot, c'est le bordel.

Six mois après l'arrivée de Chorak au pouvoir, après quinze jours de grève, Duppé accepte enfin d'utiliser le terme de « négociations » sans pour autant en accepter le sens.

Pendant ce temps, ce cher J.C. effectue d'incessants voyages, selon la formule consacrée et qui ne choque plus personne : «Aux frais du contribuable.» Il n'apparaîtra pas une seule fois pendant ce conflit, trop occupé qu'il est de goûter aux spécialités culinaires des pays qui l'accueillent. Ce qui se passe à Moutonland ne lui coupe pas l'appétit. Il reste serein et il a raison : petit à petit, les mouvements sociaux vont s'asphyxier, le nombre de grévistes va diminuer, par besoin d'argent les hommes vont reprendre le travail et tout va redevenir comme avant. Qui peut lutter contre le pouvoir ?

Bien sûr, le 1er ministre a une cote effroyable dans les sondages, mais quelle importance maintenant qu'il est en place ? Les sondages d'opinion une fois que les gens sont au pouvoir, les hommes politiques s'en balancent. Personne ne va les licencier pour faute grave ! Ils y sont, ils y restent !
Un an après, en cette fin d'année 96, les transporteurs routiers essaient eux aussi de faire pression sur un gouvernement vraiment pas décidé à faire des concessions. Le gouvernement attendra sûrement comme l'année passée que les grévistes retournent gentiment au boulot pour pouvoir payer les traites de leur maison et pour pouvoir nourrir leur petite famille. Ils savent que sans le nerf de la guerre, l'argent, une barricade ne tient pas longtemps...

Je crois que les Moutonlandais sont définitivement impuissants face à ce pouvoir soi-disant démocratique.
Et oui, il semblerait bien qu'en ce doux dimanche de mai 95, la population toute entière d'un pays ait brisé un miroir sans se douter que cet acte allait leur promettre sept ans de malheur. Si les candidats aux élections sont autorisés à mentir délibérément pour s'attirer les faveurs du scrutin, s'ils ont le droit de faire nombre de promesses fantaisistes et alléchantes sans jamais les tenir et que personne ne s'insurge contre cet état de fait, que tout le monde trouve ça normal, alors c'est décidé, je n'irai plus jamais voter. Il y a tellement de choses beaucoup plus intéressantes à faire un dimanche après-midi... Le système démocratique, si parfait, permet à des gens de faire toutes sortes de promesses pendant leur campagne électorale, et surtout les autorise à ne pas les tenir une fois élus, sans aucune sanction, quelle qu’elle soit… Même pas la sanction des urnes puisque les Moutonlandais ont la mémoire courte. La démocratie c’est ça. Et puis, comme l’a dit un homme politique : « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent. » Ceci résume à peu près cela. Et bien moi, le jour où les promesses engageront également ceux qui les font, je me ferai une joie de mettre à nouveau mon bulletin dans l’urne. Mais pour l’instant je préfère m’écarter du troupeau. A bon entendeur…

Jacques

Jacques


Jacques est à bout de souffle, il anhèle complètement. Il s'est tapé 4 ans à la Fac, non sans se taper une dizaine d'étudiantes, et puis il a laissé tomber, d'un seul coup, séduit par les promesses ambitieuses d'une grande école de gestion à 1000 Euros le trimestre. Ses parents qui à l'époque avaient d'autres préoccupations, ne se sont pas immiscés dans ses projets de volte-face et ont signé presque avec alacrité 4 chèques en blanc pour apporter le soutien financier nécessaire à l'ultime année d'étude de leur fière progéniture.

Jacques avait été séduit par l'atmosphère conviviale de sa nouvelle école, et s'était fait gonfler la tête par quelques intervenants peu scrupuleux, sous l'égide de l'emblème prestigieuse de son illustre projet : une sinécure lucrative et qui réclame en fait peu de cognition : V.R.P.

Il suivait avec délectation chacune des matières qui lui étaient proposées, non sans s'être tapé sa prof de vente, et les mois s'écoulaient avec mollesse et insouciance toujours dans cette ambiance de grande sérénité et de promesses d'une future surabondance financière et d’opulence systématique.

Il était conclu que cette année d'étude se terminerait par un stage en entreprise afin que cette joyeuse bande d'apprentis vendeurs mette à profit son insatiable faim d'exploser dans ce milieu impitoyable, et surtout afin de mettre vraiment en pratique quelques techniques abstraites dont les VRP ont le secret, et qui, aux dires des tuteurs, ne donnent d'autres alternatives à leurs clients que celle de répondre : « Oui, j'achète. » Les techniques de vente, une méthode douce pour lobotomiser les clients.

Jacques avait surligné dans un journal de petites annonces une offre d'emploi alléchante d'une société américaine, récemment implantée sur le territoire. Le but était de démarcher des particuliers pour leur vendre un aspirateur multifonctions, révolutionnaire, à 1200 Euros l'unité... Jacques savait bien que la meilleure école pour former un vendeur ; c'est le démarchage à domicile, car rien n'est vendu d'avance avec un particulier. Votre aspirateur, il s'en fout, il n'en veut pas, il en a déjà un. La meilleure façon de voir si vraiment il est fait pour la vente, s'il a les capacités nécessaires, le sang froid, le bagout, la tchatche et le charme suffisant, s'il veut savoir s'il est vraiment capable d'accrocher le client sans lui arracher une manche, sans l'ennuyer, sans lui mentir, c'est d'essayer. Alors, il essaya. Tout d'abord avec un vendeur confirmé, il se contentait d'observer. A vrai dire, il n'observait pas, il admirait bouche bée la technique infaillible qui faisait mouche presque à chaque fois, il voyait se tisser autour du client une énorme toile d'araignée qui le piégeait complètement, qui l'enserrait, ne laissant plus dépasser que la main du pigeon, qui, munie d'un stylo, signait docilement le bon de commande à la fin de l'entretien.

Admiratif et confiant, Jacques se lança dans l'aventure fort de son enthousiasme, de ses connaissances et de ses ambitions. A la fin de ses deux mois de stage, Jacques était le meilleur vendeur de l'agence avec une vente. En fait, il avait réussi à convaincre assez facilement ses parents de lui acheter un de ses aspirateurs. Sa mère, apitoyée, avait accepté.

Jacques se retrouvait maintenant au chômage, il avait décidé de quitter l'entreprise qui, bien qu'étant à la recherche de nouveaux vendeurs, n'avait pas insisté pour qu'il reste. Mais il ne désespérait pas encore, persuadé que cette expérience, comme tout échec, avait son côté constructif et instructif. Il se lança dans la noble quête qui consiste à rechercher un emploi, et la tâche s'avérait aisée puisque 90 % des offres proposées concernaient des V.R.P. Les 10 % restant ne concernant que des plombiers-zingueurs, des gardes d'enfants et des ouvreurs de portes ouvertes, il ne s'y attarda pas.

Après avoir testé quelques créneaux tels que vendeur d'encyclopédies, de fruits et légumes et manœuvre sur des chantiers, il se rendit vite à l'évidence, et ne se rendit plus à l'A.N.P.E... Seule alternative, et pour le moins incontournable : le service militaire. Incorporé au 316ème régiment de feignasses, il passa ses dix mois à astiquer des famas et à dormir. Presque dix mois de vacances pendant lesquelles, presque tous les soirs, il observait à la sortie quelques poupées Barbie(turique), un rien nymphomanes et sûrement syphilitiques, venues là pour jouer aux petits soldats. Certains inconscients se laissaient séduire et finissaient leur service militaire avec des sections désordonnées de champignons disgracieux et peu comestibles sur le bas ventre.

Après avoir offert dix mois de sa vie à l'Etat, il était tout disposé à offrir plusieurs années de sa vie à l'A.N.P.E., passage obligatoire pour 95 % des ex-militaires fraîchement rendus à la vie civile. Donc, retour à la case départ, sans toucher 20 000, avec en prime 10 mois de prison.

Jacques était, dans son cas, moins malheureux que d'autres, car toujours protégé par la cellule familiale qui lui apportait un soutien aussi bien moral que financier. Mais dans sa tête, c'était la chute libre. La chute de ses ambitions, de ses illusions, de ses espoirs, le sentiment que la vie est atroce. Il était seul en fait, il n'y avait plus d'amis pour l'épauler comme c'était le cas lorsqu'il faisait partie d'une collectivité. Son célibat pesait des tonnes face aux bonheurs apparents de jeunes couples unis. Et des Jacques, en France, il y en a des milliers. Des milliers de jeunes qui prennent soudain conscience que la vie qu'ils s'étaient imaginée n'existe bien en fait que dans leur imagination. Quand toutes les illusions naïves s'en sont allées, que reste t-il de ce goût du challenge irréalisable qui consiste à trouver un emploi stable et rémunérateur ? La solution réside t-elle dans le nombre des années passées à étudier ? Les punks étaient-ils à ce point visionnaires lorsque pendant les années soixante-dix ils criaient : «No future ?» Ca sera quoi le futur pour ces fameux jeunes qui ont eu vingt ans en l'an 2001 ? Et Jacques à votre avis, à cette heure-ci, qu'est-ce qu'il fait, il est où ?

- Réponse 1 : Il a 32 ans et il vit toujours chez ses parents,
- Réponse 2 : C'est un clochard, et on l'a vu il y a cinq minutes qui fouillait dans les poubelles,
- Réponse 3 : Il est C.R.S.,
- Réponse 4 : Il est gendarme mobile,
- Réponse 5 : Il est en prison,
- Réponse 6 : Il s'est tiré une balle,- Réponse 7 : Il est en train d'écrire un livre...

Réveil !!

Réveil


Chaque matin, lorsqu'une sonnerie monstrueusement stridente m'extirpe de l'ubiquité parallèle du royaume des songes, je sais en quelques secondes que je vais devoir, une nouvelle fois affronter l'acerbité incontournable d'un nouveau jour. Je m'extrais silencieusement de ma couche pour ne pas réveiller l'enfant qui dort à côté car je ne suis pas rancunier et je me retrouve bientôt face à un cruel instrument qui darde silencieusement deux lames outrageusement chromées et prêtes, malgré leur immobilité apparemment inoffensive à étêter tout sur leur passage. Mon visage pâlot et recouvert d'une couche grossière de mousse qui sent bon la menthe fraîche s'apprête à recevoir le dangereux objet qui viendra le parcourir, surmontant les gibbosités, contournant les obstacles. Je sais que je vais devoir user de détours pour mener à bien cette tâche à hauts risques. Une hésitation, un spasme, un geste précipité et c'est le drame assuré. Je n'ose pas penser à l'entaille sanguinolente que générerait un éventuel faux pas. Je procède donc avec un calme quasi aboulique, mais le reflet de mon image m'informe de ma progression. La contiguïté de ma peau et de cette double lame m'effraie un peu mais je m'auto persuade que la perspective de mon succès tient en la maîtrise totale de chacun de mes gestes. Je sortirai finalement vainqueur de ce combat impitoyable, sans plaies physiques, mais j'ai souffert tout de même.

Une fois ce cap fatidique franchi, je me sens libéré et je procède avec sérénité à l'entretien de mon hygiène corporelle et buccale. Tout danger est écarté pour le moment. J'en arrive finalement à la partie la plus technique de ce parcours matinal : la coiffure. Je sais que cette tâche va, comme tous les matins, prendre un temps fou mais je ne laisse pas ce paramètre entacher mon optimisme. Je me remémore succinctement les différentes étapes de la procédure habituelle et, sans transition, je la mets en pratique. La première étape se traduit matériellement par l'inondation contrôlée du périmètre crânien pourvu de cheveux. Autrement dit, je me passe la tête sous le robinet. Le contact du jet liquide et tiède sur mon cuir chevelu me sort de cette torpeur caractéristique et transitoire propre à tout individu qui vient de se réveiller. Cette agression humide se traduit par un frisson incontrôlable qui prend sa source dans ma nuque, parcourt chaque vertèbre et vient s'écraser violemment dans le bas de mes reins. Je ferme le robinet et, la tête penchée au-dessus du lavabo j'essaie d'attraper à tâtons un linge sec. Je recouvre ma chevelure ruisselante d'une serviette de bain humide et je la frictionne énergiquement afin que les fibres du tissu s'emparent bien de toutes les parcelles résiduelles d'humidité. Je vois dans le miroir le reflet d'un homme qu'on croirait sauvé d'une noyade certaine, le visage inexpressif, les yeux rougis et cernés. Je me fais un peu peur.

La seconde étape va consister en le séchage des cheveux, ceci afin de leur donner une esquisse de structure et de volume. C'est là que tout va se jouer. Il faut, pour ce faire, maîtriser parfaitement l'engin, ne pas se laisser intimider par son râle striduleux et par son souffle chaud et agressif. Il faut en outre avoir la cognition des conséquences que peuvent avoir chaque geste et leur répercussion sur le résultat final. La tâche n'est pas aisée, il faut s'en convaincre. La coiffure est une science inexacte dans laquelle il n'existe pas de perfection. Je procède toujours avec sérénité, puis je parachève mon oeuvre dans un geste sublimatoire. Je devrai une fois de plus me contenter de ce résultat approximatif qui trônera silencieusement sur mon chef pendant toute la journée, subissant néanmoins quelques agressions corrosives et déstructurantes. Pour plus de résistance, je fige la structure obtenue d'un jet baveux de laque extra forte. Le résultat n'est bien sûr pas vraiment la réplique fidèle de celui que j'avais secrètement escompté mais tant pis, le temps passé entrave ma volonté farouche de renouveler la procédure pour obtenir un meilleur résultat.

Je m'installe confortablement à table en face d'un bol de lait tout droit sorti du meilleur ami de l'homme pressé qu'est le four micro-ondes, et je me restaure bruyamment d'aliments glucosés destinés à soutenir les efforts coercitifs et titanesques que je devrai fournir tout au long de la journée. Je termine cette orgie purement gastronomique en m'abreuvant du précieux laitage que je sens couler en moi comme une substance régénératrice qui se propage avec nonchalance dans chaque parcelle de mon organisme. Je constate au sortir de la table quelques effluves nauséabonds qui sont les prémices incontournables d'un passage forcé dans le sanctuaire éburnéen que sont les toilettes. Lorsque enfin je dépose délicatement mon séant soyeux sur le trône accueillant, je savoure pleinement cette sensation de monarque solitaire qui oublie l'espace d'un instant les responsabilités qui lui incombent. J'ai un peu de mal à quitter ce havre de paix mais encore une fois, je ne peux lutter contre l'incontournable obligation de ne pas trop m'attarder. Je suis enfin prêt à affronter l'hostile réalité de ce nouveau jour, prêt à relever une nouvelle fois le défit de la vie, prêt à déjouer de nouveaux pièges, à surmonter les écueils. Je sors de mon appartement et je me retrouve propulsé dans le monde.

Joyeux Anniversaire

Joyeux anniversaire


Ce petit garçon qui pleure a huit ans. Il pleure parce que sa maman est morte. Ils se promenaient tous les deux la veille, en plein centre ville, pour trouver ensemble le cadeau d'anniversaire du petit. A chaque fois que sa mère l'emmenait dans un magasin de jouets, le petit garçon n'arrivait pas à choisir, il voulait tout en fait. Sa mère avait beau essayer de lui faire comprendre qu'il fallait qu'il porte son choix sur un seul jouet, le petit au regard émerveillé, parfois surpris n'arrivait pas à choisir. Il eut le coup de foudre cependant en passant devant la vitrine d'une petite boutique dont sa mère avait ignoré l'existence jusqu'à ce jour. Le petit était en extase complète devant la réplique parfaite d'une superbe voiture de sport à la peinture rouge métallisée et étincelante. Sa mère, enfin soulagée s'engouffra à l'intérieur du magasin. Le petit restait dehors, comme bouche-bée devant ce jouet fantastique. Elle se disait qu'après tout, il ne courait aucun risque en restant là, bien sage et hypnotisé. Elle demanda à la vendeuse d'emballer le cadeau avec du joli papier multicolore et, tournant la tête du côté de la rue, elle vit son fils qui s'apprêtait à traverser de l’autre côté, inconscient qu'il était du danger que représentait la circulation à cet endroit bien précis.
Il se mit à faire quelques pas sur la chaussée, sa mère se mit à hurler et à courir derrière lui sous les regards médusés des passants égoïstes. Une première voiture évita de justesse son fils, mais la mère qui lui avait emboîté le pas en se précipitant comme une folle n'eut pas autant de chance que lui. Le choc fut inévitable et violent, la mort fut immédiate. La voiture responsable de l'accident, après avoir marqué un bref moment d'arrêt se mit à démarrer en trombe et disparut bientôt sous les regards complices de badauds avides de sensations. C'était une superbe voiture de sport, à la peinture rouge métallisée et étincelante...

Déclarations... d'humour

Toutes ces déclarations ne s'adressent à personne en particulier. Elles ont été écrites sur le ton de la plaisanterie à une amie de 35 ans plus âgée que moi... Et je peux dire que ça a eu de l’effet sur elle. Alors qui sait, peut-être pourront-elles servir encore dans d’autres circonstances ?

1- Ma vie serait vide sans toi, je la préfère emplie de joie, d'espoir et d'amour. Tu es la substance de mon existence.

2- Les nombreuses tentatives que mon cœur me pousse à entreprendre pour obtenir un sourire de toi sont le reflet palpable d'un amour abstrait mais bien réel. (Un admirateur anonyme que ton cœur te dévoilera bientôt.)

3- Tu es ce grand bonheur que j'ai toujours frôlé sans jamais réussir à le retenir vraiment, tu es cette douce joie qui filtre au travers de mon silence quand je viens de te voir et que ma tête est encore pleine de tes sourires ; tu es cet équilibre que j'ai trop peur de perdre, tellement peur que j'en deviens paranoïaque et maladroit.

4- Tous les matins lorsque ta silhouette frêle m'apparaît comme dans un rêve, l'univers s'illumine d'une flamme superbe et chaude et je trouve enfin dans cette substance l'énergie nécessaire à la consécration de mon amour.

5- Je peux perdre la vue,
Je peux perdre l'ouïe,
Je peux perdre le goût,
Je peux perdre l'odorat,
Je peux perdre mes bras,
Il me restera toujours dans le cœur un peu de toi.

6- Après plusieurs tentatives maladroites et infructueuses, je me suis résigné, malgré tous les espoirs qui avaient trouvé place dans mon esprit à t'oublier. Un court instant. Juste le temps de me rendre compte qu'en fait je ne peux pas t'oublier et que rien n'efface une passion.

7- Tes yeux charmeurs et rassurants, bien que dissimulés derrière d'épaisses lunettes qui confèrent à ton visage cette note de sérieux qui te caractérise, et qui ajoute à ta notoriété déjà interplanétaire, un nouvel atout qui nous fait tous fondre d'admiration et qui nous subjugue jusqu'à la moelle de notre substance spirituelle, tes yeux charmeurs disais-je, renvoient le reflet fidèle des pauvres têtards avilis et anémiés que nous sommes, espérant la métamorphose réparatrice et salvatrice qu'une parole de toi suffirait à déclencher. Nous avons besoin de toi pour nourrir nos corps d'une extase complète et sinusoïdale et pour permettre à nos sens, interdits et pourtant avides de sensations extrêmes de s'épanouir pleinement dans une explosion enchanteresse de plaisirs paranormaux.

8- Je marche dans la vie, vêtu de cet amour qui m'entoure chaque jour : c'est toi qui me souris. Toi, la femme au regard si doux, qui apaise mes craintes d'une existence trop dure et qui m'encourage chaque jour à affronter l'hostile réalité de l'existence.

9- Ton visage angélique me rappelle la douceur apaisante d'une nuit estivale et étoilée, j'apprécie cette chaleur qui s'en dégage, qui m'atteint et me perturbe, je savoure avec gourmandise ces effluves intra-sensoriels de promesses que tu m'envoies inconsciemment, je déguste avec bonheur ces esquisses de chatteries dissimulées, et mon regard plein de désir, fuit le tien, trop torride, que je croise dans une frénésie ésotérique et secrète. Je succombe à cette chaleur, tel un batracien égaré dans l'immensité infernale d'un désert de tentations et dont les forces s'étiolent face à la puissance incontestable que tu répands ingénument. Face à cette démonstration de charme et de beauté mon corps trémule d'impatience mais trépigne et se décourage face au rempart insurmontable de la tergiversation indétournable que tout esprit faible rencontre malheureusement. Cette prééminence féminine ne me permet pas d'espérer quelque geste avenant que ce soit alors je m'écarte révérencieusement de ton chemin, déçu par ces prémices de perdant, convaincu de mes trop nombreuses défaillances, pâles pâmoisons qui entravent un bonheur hétérogène mais pourtant possible. Que puis-je faire désormais pour guérir cette gaucherie maladive, où puis-je trouver la potion fébrifuge qui guérirait ma passion ? Que puis-je faire contre cette gangrène inexpugnable qui ronge mes tissus avec méthode et application ? Et puis soudain, je me redresse enfin, avec l'impression de pouvoir rivaliser face au démon féminin, qui après tout semble bien vulnérable. Je m'approche de l'être tant convoité, fort de ma volonté inébranlable, créant l'ébahissement de tous ses sens en ébullition. Je l'encense de quelques propos flatteurs et fallacieux pour adoucir ses attitudes négatives et enflammer ses zones érogènes. Puis elle ne tarde pas à déceler dans mes flagorneries hyperboliques des propos erronés et incompatibles. Ayant flairé la galéjade, elle me laisse volontairement m'enfoncer dans mon mensonge, faisant impeccablement semblant de boire mes paroles et de s'en délecter ; tout ceci avec une longanimité qui en dit long sur ses pouvoirs surnaturels d'autocontrôle. Elle me laisse parachever ma déclaration qui semblait habile puis m'annonce avec une mansuétude pour le moins déstabilisante qu'elle exècre la perfidie et le mensonge et que ces défauts sont révélateurs d'une vacuité spirituelle manifeste... Je repars complètement vidé de cette expérience, déçu de constater cette dissension irréversible. Mon esprit dépenaillé sombrera sûrement dans une tristesse misogyne jusqu'à ce que la raison me reconduise sur le chemin de la réalité existentielle.

10- Lorsque la vie m'avait tenu éloigné du lourd fardeau des années et que la jeunesse se voyait dans mes yeux, je m'imaginais la femme idéale. Bien qu'étant le novice de la vie, mon esprit me projetait l'image fidèle de cette femme mûre et à la silhouette frêle et décidée que j'ai reconnu sans tarder le premier jour où je t'ai vue. La perfection que je croyais inconcevable existait devant moi et je savais dès lors que mon cœur ne battrait plus que pour toi...

11- La douleur me terrasse, je sens cette immonde maladie qui ronge sournoisement mes entrailles. Les médicaments seuls n'en viendront pas à bout, l'amour que j'ai pour toi m'aidera à puiser l'énergie nécessaire pour combattre ce mal.

12- Ton petit sourire angélique illumine de sa splendeur l'obscure atmosphère de la vie que nous côtoyons malgré nous quotidiennement. Tu es ma muse, tu es la source de mon inspiration et je suis fier de toi.

13- Ce week-end fut, comme tous ceux que j'ai passés loin de toi, profondément marqué par l'aspect irréversible que revêtit ton absence au combien éprouvante, illusoire et inévitablement désemparante face aux conflits spirituels de mon âme meurtrie.

14- La nuit tombe lentement sur la ville déjà endormie et les pensées diurnes font place aux songes réconfortants. Les esprits s'apaisent et chassent l'espace d'un sommeil mérité les tensions pathologiques accumulées dans la journée et moi je pense à toi.

15- Les jours se suivent et ne se ressemblent pas. C'est pourquoi après une brève période d'adaptation nécessaire et propre à toutes les personnes qui, comme moi, sont émotivement fragiles, j'ai décidé, d'un commun accord avec moi-même de poursuivre cette noble mission qui consiste à inscrire sur cet humble support quelques déclarations habiles et sincères qui font état de mes sentiments les plus intimes au jour le jour, tout ceci pour te dire qu'à l'avenir, tu pourras de nouveau te délecter sans retenue de mes mots et boire mes déclarations qui n'auront que pour seuls buts de te surprendre, de t'attendrir et même peut-être de faire naître en toi la même passion qui me consume depuis le premier jour où nos regards surpris se sont croisés puis se sont fixés pour ne plus jamais se détourner l'un de l'autre.

16- L'amertume se lit aisément sur mon visage marqué par la tension insoutenable qu'engendre inexorablement et avec une minutie sadique et calculatrice, ton absence. Malgré tout, je trouve encore la force et le courage d'écrire mes émotions et mes sentiments dont la force ne cesse de croître inversement proportionnellement à ma tristesse. Tu me manques...

17- Je suis impatient, déjà, de retrouver enfin le doux visage rassurant qui te caractérise. Je n'ai nul besoin de supports matériels tels qu'une photographie fidèle pour me souvenir de ce visage qui fait maintenant partie de moi. Mon esprit me projette sans ambiguïté les traits fins et sensuels de ton corps, et ma mémoire reconnaissante s'enorgueillit de pouvoir receler tous ces clichés abstraits qui enrichissent l'homme perturbé que je suis.

18- Le jour s'est levé et moi aussi. Je ne sais plus très bien lequel des deux s'est levé avant l'autre car je n'ai pas eu l'idée d'ouvrir les volets, fatigué que j'étais de m'être réveillé avant l'aube...

19- La pensée fait toujours en sorte que nous ne soyons jamais seuls.

20- Je profite de cet instant de répit pour te confier quelques-unes de mes préoccupations actuelles qui m'obsèdent méticuleusement, avec l'espoir sûrement déçu de voir se profiler quelques éclaircissements concernant tes activités privées de la semaine passée car comme tout être que l'amour a envahi, je suis un peu jaloux.

21- Ton attitude stoïque est révélatrice d'une frustration manifeste et incontestable de par son aspect irréfutable, indéniable et perçu de tous. J'ignore si cet état d'âme est irréversible, mais l'espoir motorisant de ma mécanique biologique me souffle courageusement à l'oreille qu'il ne faut pas se laisser endormir par l'aspect plastique des êtres.

22- Je sais que tu chavires à chaque fois que ma main bien intentionnée se pose délicatement sur le doux contour apaisant de tes épaules fragiles que j'aime parcourir dans mes rêves les plus intimes et les plus fous en sachant que le jour viendra où tu m'appartiendras et où ma main te parcourant sera bien réelle.

23- Mon cœur sursaute soudain sous l'emprise incontrôlable de cette émotion étrange et forte qui naît en moi comme par magie dès que se profile à l'horizon la perspective alléchante de notre rencontre.

24- Mes mains moites, témoins muets mais fiables de la tension qui règne autour de moi, se promènent aveugles et désespérées à la recherche de ton corps sculptural. J'ai hâte de t'atteindre, tellement hâte que mon corps trémule d'impatience.

25- La matinée fraîche fuit et laisse place à un soleil prometteur qui darde efficacement ses doux rayons chargés de chaleur sur ton visage illuminé, j'ouvre enfin cette porte qui nous sépare et je te distingue, magnifique, dans un contre-jour féerique et édénique.

26- Je crois rêver de nouveau, mais là, je sais que je suis là, en face de toi et j'ai peur. Je voudrais enfin te crier mes pensées dévorantes qui malmènent la droiture légendaire de mon esprit, mais je reste muet... Peut-être que demain j'oserai défier mes craintes.

27- L'amour est une science inexacte qui s'abat sans prévenir sur nos têtes vulnérables et fragiles pour ensuite modifier nos pensées, changer nos comportements et nos attitudes, bouleverser notre vie parfois, inexorablement et avec une efficacité cruelle, nous nous faisons dévorer par l'amour telle une pâture jetée au lion affamé.

28- L'amour sait aussi et surtout être doux et faire naître dans les esprits rebelles et opiniâtrement obscurs une tranquillité et une maturité soudaine, métamorphose sublime et hyperbolique du corps et de l'âme qui s'ouvrent ainsi aux subtils messages de quiétude et de beauté du monde qui nous entoure.

29- L'amour a bien ses deux facettes, celle du mal et celle du bien, celle du cœur et celle de la raison. Elles sont si proches qu'il est bon de savoir les maîtriser avec un peu de pratique et d'expérience : on peut apprécier davantage ce côté si doux que l'amour est seul à pouvoir nous prouver. Mais il arrive aussi que les calculs soient faux et inutiles, inefficaces face à l'extraordinaire complexité du mécanisme incohérent qui régit ce sentiment si fort et si imprévisible. Tout peut basculer en quelques secondes, le rêve peut s'écrouler, et seuls la peine et le désarroi restent et suffisent à vous faire regretter d'avoir un jour aimé. Mais l'amour reste, même quand on voudrait tout chasser, il est trop puissant, on ne peut rien faire.

30- L'amour que j'ai pour toi est un magnifique spécimen cruel et fou qui menace de me terrasser à chaque fois que tu ne m'offres que des déceptions et des désillusions, mais il sait être généreux et chaleureux, il peut me noyer dans un océan de bonheur lorsque enfin tu as décidé de me sourire et de me parler doucement. Nul ne peut soupçonner ce que tu me fais.

31- Une ambiguïté sous-jacente limite l'aire sphérique de ma conscience et le point d'abscisse qui me rattachait à la raison s'évanouit subrepticement dans l'espace sublunaire radical de la dérive morale. Cette rupture optative d'un changement me perturbe et entaille l'opercule fragile de mon âme et je sombre irréversiblement dans la tristesse glauque et nauséabonde propre à l'homme abandonné de tous.

32- La statue d'amour que je suis choit de son acrotère dans un aven abyssal et mon esprit s'affadit et mon alacrité se débilite. La contiguïté de nos amours se rompt avec fracas et mon pouls capricieux m'occasionne une anhélation dérivative, mais cette dissidence qui nous oppose ne sera pas définitive, j'en suis convaincu.

33- La femme accorte que tu es malgré toi fait de moi un homme avili par tant de grâce sublime.

34- Mon caractère débonnaire m'incite à pardonner les écarts capiteux que tu dénies, certes, mais qui existent et qui créent une scission entre nous deux. Je resterai dithyrambique à ton égard malgré cette peine incontrôlable qu'engendre inconsciemment ton attitude dévastatrice.

35- Je me suis toujours demandé, en t'observant en silence comment il était possible de dégager autant de charme, de grâce et de beauté pure rien qu'en étant toi-même, sans aucun artifice, rien qu'en étant, rien qu'en respirant, rien qu'en vivant tout simplement. Les personnes qui séduisent le plus sont souvent celles qui ne font rien pour attirer l'attention.

36- L'amour est fait d'une façon telle que chaque jour est différent et qu'il faut constamment se remettre en question. L'amour exige de nombreux sacrifices et de nombreuses concessions qui ne sont que d'infimes privations comparées à la moisson glorieuse de bonheur que nous procure ce doux sentiment.

37- Aujourd'hui nous sommes seuls, enfin et pourtant, bien qu'ayant cette chance rare et inestimable de concrétiser tous nos désirs et tous nos espoirs impossibles jusqu'alors, nous restons stoïques et inactifs malgré cette opportunité inespérée. Sommes-nous normaux, devons nous nous contenter de la suffisance d'un amour platonique ? Ou alors est-ce que tous nos désirs secrets doivent rester à l'état de rêves ?

38- Notre amour platonique recèle donc, de par son aspect une telle grandeur énigmatique que beaucoup nous envient en nous voyant tous deux, sages et la tête remplie d'amour. Nous n'avons besoin de rien d'autre que de cette complicité presque distante et insoupçonnable mais forte qui nous unit et nourrit notre appétit féroce d'amour et d'affection.

39- La moiteur désemparante de l'été naissant me met mal à l'aise et j'essaie de dissimuler maladroitement mon appréhension grandissante face à ce devoir qui m'oblige constamment, celui de t'affronter, oh ! toi la déesse majestueuse de mes pensées nocturnes. J'ai peur de te brusquer et je deviens maladroit malgré toute cette application maladive que je m'efforce d'observer.

40- Malgré les déboires qui souvent viennent noircir mon existence, et en dépit des dédales trop nombreux à mon goût qui naissent entre nous deux, je scrute l'empyrée magnifique à la recherche de quelque réconfort moral et soudain, je perçois le symbolique message d'un effluve féminin qui s'approche. Ma douleur s'apaise enfin et je quitte cet état chaotique, convaincu de mon paralogisme. J'ai eu tort d'être aussi pessimiste car je te vois qui t'approche.

41- Après avoir longuement montré ma sollicitude sans bornes qui malheureusement me procure l'inconfortable sentiment que tous mes efforts titanesques n'ont été que des actions superfétatoires, une thébaïde provenue de nulle part s'empare à nouveau de mon corps désarmé et je tombe dans la vacuité infinie de la tristesse. J'attends un signe de toi pour revivre enfin.

42- Je voudrais être ton ombre et te suivre la journée pour avoir la chance de m'estomper silencieusement à tes cotés dès la tombée du jour.

43 -Je n’aurais pas eu la chance d’être une parenthèse dans ta vie, tout au plus une virgule, lorsque tu as décidé de mettre un point final à notre liaison.

44- Cette journée qui pourtant semblait paisible au lever du jour n'a été que succession de tensions. Il arrive parfois que pour des raisons indéfinissables, la femme devienne irritable. C'est peut-être la lune qui mine de rien, de par sa situation cosmique par rapport à notre planète, influe sur son comportement. Peut-être était-elle agacée par ce vent trop puissant qui venait décoiffer son brushing si onéreux. Peut-être avait-elle avalé trop rapidement son café ce matin et souffrait-elle maintenant d'incessants ballonnements et flatuosités ? Ou alors peut-être avait-elle ses règles. La femme a toujours cinquante mille bonnes raisons d'être de mauvaise humeur.

45- Me voilà seul, à nouveau loin de toi et comme d'habitude dans ces conditions, je vais tenter vainement de ne pas trop laisser d'emprise à cet état de manque indiscutable. Je vais vivre dans l'espoir et dans la hâte de notre prochaine rencontre, je sursauterai dès que le téléphone sonnera en espérant secrètement reconnaître ta voix en décrochant le combiné. Comme d'habitude, je me poserai un nombre incalculable de questions ; comme d'habitude, je remettrai tout en cause, j'aurai peur de ne plus te voir et l'attente sera insoutenable.

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